Un critère peu usuel mais efficace pour mesurer le développement d’une nation, est le degré de sophistication de ses assurances. Or ce mois-ci, la Chine présente trois nouvelles assurances, suggérant ainsi son désir d’élargir son parapluie contre les imprévus.
Depuis 2008 et le scandale du lait maternisé teinté à la mélamine, la confiance des Chinois en la qualité de leurs aliments reste basse.
Aussi la chaîne de distribution Suning Redbaby a imaginé ce joli coup pour combattre ce préjugé, tout en augmentant sa part du marché : en cas de rappel du produit, l’assureur Ping An (n°2 national) paiera jusqu’à 2000 ¥ la boite d’1,8 kg de lait en poudre, acheté sur son site ou en boutique. L’assurance est gratuite pour les 40.000 premières boites.
Ceci est rendu possible par la remontée de la sécurité des produits. Réorganisés, les services d’hygiène font d’immenses efforts pour remonter la pente.
En cours de gestation, cette autre assurance est conçue pour maintenir hors du besoin les « shīdú » (失独), personnes âgées « orphelines » de leur enfant unique.
Du fait du système contraignant de limitation des naissances, la majorité des familles n’ont qu’un enfant. Mais 76.000 jeunes décèdent par an, laissant père et mère proches de la misère. Il existe bien une prime nationale (340¥ par parent en ville, la moitié au village) payable à 49 ans révolus, mais des centaines de milliers se la voient refuser, étant migrants. Le 14/08, la Cour intermédiaire de Pékin a rejeté la plainte de 3400 « shidu » contre le défaut de paiement de la mairie…
L’assurance projetée serait subventionnée par le gouvernement et couvrirait les frais médicaux, d’invalidité, d’enterrement et une maigre pension…
Mais ni la date, ni le montant ne sont publiés pour l’heure—et les juristes ne taisent pas leurs doutes sur la capacité des gouvernements locaux surendettés, à supporter une telle charge.
Catastrophes naturelles, crues ou canicule causent en Chine des dégâts annuels au coût cataclysmique—le séisme du Sichuan en 2008, causa 845 milliards de ¥ de pertes.
Mais en matière d’indemnisation, la différence est que les assurances chinoises n’en couvrirent que 5%, contre 30% en Occident.
Aussi depuis, l’Etat cherche un mode de répartition des risques, que les seules assurances ne peuvent supporter.
Le système qu’annonce Wang Zuji, n°2 à la CIRC (la Commission Nationale de tutelle des Assurances), impliquerait assureurs, réassureurs, région, Etat, et les particuliers. D’ici 2020, Wang espère arriver à un contrat permettant un remboursement de 3500 ¥ par victime.
Mais qu’on se garde d’espoir excessif : pour être accepté par les assurances, le système doit avant tout être rentable—et il y a encore loin de la coupe aux lèvres !
Sommaire N° 28