Hong Kong : Hong Kong – « Occupy Central », un message à la Chine

Mardi 1er juillet, Hong Kong fêta le 17e anniversaire de son retour à la Chine, d’une manière peu appréciée par Pékin : 510 000 citadins se rassemblèrent pour marcher contre les entailles à leurs libertés, et la brume qui s’accumule sur le scrutin de 2017 (pour le Chief Executive) et 2020 (pour l’Assemblée).

Dès 1984, Pékin s’était engagé vis-à-vis du Royaume-Uni (l’ancienne puissance coloniale) à introduire le suffrage universel mais sans en définir les modalités. D’où, depuis lors, un dialogue de sourds. 

Jusqu’en 2010, Chinois et Hongkongais firent encore mine de se comprendre. Mais quand vint la récession et l’augmentation du coût de la vie, les insulaires commencèrent à imputer tous leurs maux à la Chine, de la valse des prix de l’immobilier au manque d’hygiène ou de discrétion de ses touristes. 

Fin mai, Pékin commit l’acte qui déclencha la résistance en publiant un « Livre Blanc » sur la Région Administrative Spéciale, premier du genre depuis son rattachement à la RPC. D’un ton ferme, il rappelait que tout privilège concédé à la RAS, demeurait à sa discrétion et non gravé dans le marbre. 

Ce brûlot fit bouillir le sang de plus d’un : à 3 ans du scrutin, les insulaires craignent que Pékin ne leur prépare une élection « bidon », de candidats à sa solde… 

Aussi sur le « Rocher », en guise de réponse, les mouvements libertaires lancèrent la campagne « Occupy Central » : un référendum sur 10 jours (20-29/06), sur internet et dans 21 bureaux de vote, pour permettre aux votants de choisir leur mode de scrutin préféré, parmi 3 options -toutes récusées par la Chine. Les organisateurs visaient 100.000 réponses, ils en obtinrent 800.000

Pékin réagit avec fureur, criant à la « farce » illégale. C’est que les libertaires, suite à leur mobilisation, osaient aussi appeler à la manif’, où l’on viendrait marcher tant pour des élections libres, que contre la puissance de tutelle ! 

Pékin ne manque pas de souligner ce fait indéniable : sur cette exigence de scrutin non manipulé, Hong Kong n’est pas unanime. Car en 130 ans d’ administration du « rocher », Londres n’avait ressenti l’urgence d’octroyer la démocratie que durant les derniè-res années. Certes, la jeunesse diplômée la réclame, comme le terreau primordial pour lui permettre de s’organiser économiquement et de conserver son excellence, son avance sur une Chine dont la créativité reste bridée par l’autoritarisme. 

Mais la génération précédente elle, connaît la Chine et craint de la provoquer. Elle ne veut pas revivre les violences totalitaires de sa jeunesse. De même, les grandes fortunes et les milieux financiers étrangers ne veulent pas saper leur rapport privilégié avec Pékin, la corne d’abondan-ce de leurs fortunes respectives. 

Hong Kong Manif DemocratieCela dit, ni ces obstacles, ni la pluie n’ont gâché la marche du 1 juillet : 5 heures après le lancement, des masses de manifestants s’amassaient encore au point de départ, avec slogans, bannières et parapluies. 

La participation atteignait 510.000 selon les organisateurs et pulvérisa ainsi tous les records depuis 2003 – un message ferme à l’attention de Pékin. 

Toutefois, sur la manière dont ce défi aura été perçu dans les sphères dirigeantes, les sons de cloche divergent. La presse suggère qu’elle ne se laissera pas impressionner par la rue. 

Pourtant, un analyste local nous confie que ce tournant intransigeant dans le rapport avec Hong Kong ne serait pas l’œuvre de Xi Jinping, mais celle du Président du Parlement, Zhang Dejiang, en charge des affaires hongkongaises, ce qui pourrait refléter un conflit au sein de l’appareil. 

Xi aurait volontairement laissé le clan conservateur briser la voix libertaire de Hong Kong, au risque de laisser le pouvoir s’enferrer dans un conflit ingagnable, et de devoir ensuite, dans le feu d’une crise, changer de responsable et de politique. 

Que cette théorie se vérifie ou non, la politique chinoise est souvent faite ainsi. Mais ce qui est sûr, est que les rapports sino-hongkongais atteignent une étape cruciale : ça passe, ou ça casse !

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