La Chine compterait sur son sol 4000 ONG étrangères, et 1000 chinoises conseillées ou financées par l’étranger. Or depuis 2 mois, une campagne se déploie pour « vérifier » leur travail, sous l’angle sécuritaire.
C’est apparemment l’une des premières décisions à l’actif de la Commission de Sécurité d’Etat, présidée par Xi Jinping : les provinces du Shanxi, de l’Anhui, du Fujian et du Guangdong ont reçu des instructions en ce sens. Lancée en mars, la campagne doit se conclure à la fin de ce mois.
Sa raison d’être n°1 est de vérifier que ces ONG ne sont pas en train de propager des « valeurs universelles ».
Dans cette campagne, on croit d’abord détecter l’influence de la Russie voisine, qui a introduit début 2014 la même recette de surveillance des ONG étrangères. C’est un effet plausible de l’admiration réelle de Xi Jinping envers V. Poutine, le grand oligarque de l’empire russe.
Autre raison : l’opinion. De même qu’en Europe, les piques contre « Bruxelles » volent à tout vent tandis que ses soutiens restent cois, en Chine les admirateurs des Etats-Unis se taisent et leurs détracteurs crient : sous ce feu polémique anti-Ouest, la campagne contre les ONG, pour le régime, est tout bénéfice. Elle peut dénoncer deux types de risques pour la nation :
– les révélations faites par Edward Snowden sur la puissance des réseaux des agences américaines NSA et CIA à travers le monde, ont ravivé la hantise traditionnelle chinoise, vis-à-vis d’une pénétration étrangère et d’un
soutien aux opposants contre le pouvoir légitime du Parti ;– les dernières années furent marquées par une recrudescence de sectes chrétiennes dans le Grand Ouest chinois…Les restaurants, écoles ou auberges qu’elles ouvrent, servent de couverture à une œuvre d’évangélisation. La Chine a d’abord laissé faire cette concurrence au lamaïsme tibétain. Mais la campagne en cours peut signifier qu’elle commence à s’en soucier.
Pour l’heure, la campagne ressemble à un état des lieux, rassemblant des données sur l’activité avant de décider d’une action future. Mais force est d’admettre que la promesse de Li Keqiang, 18 mois en arrière, d’assouplir les conditions d’enregistrement et de vie, ne semble pas avoir avancé d’un pas.
Sommaire N° 26