Canicule et campagne anti-corruption : même climat de pesanteur ! Les limiers de la CCID (la police du Parti) multiplient les enquêtes tous azimuts.
State Grid et Southern State Grid, les distributeurs étatiques d’électricité, sont accusés par le Bureau National d’Audit d’avoir détourné 6,7 milliards de ¥ (1 milliard de $) sur un projet de ligne à ultra-haute tension, et selon le professeur Wang Yukai, ce ne serait que la face visible de l’iceberg. Citic Resources, le grossiste public des métaux, avoue piteusement « ne pas retrouver » 123.000 tonnes d’alumine au port de Qingdao—43 millions de $ perdus ! La CIC (China Investment Corporation) aussi, déclare des « pertes » imputées à une gestion « illégale ». De nombreuses firmes sont épinglées pour avoir acheté leur certificat ISO9000 de complaisance. L’ Académie des Sciences Sociales (CASS) se retrouve accusée de « déviation idéologique » et d’« intelligence avec l’étranger ». Avec une telle chasse aux sorcières, pas étonnant que tant de hauts cadres, invoquant surmenage ou autres prétextes, trouvent ce moment opportun pour fuir les Conseils d’administration !
Deux hauts personnages voient s’approcher l’heure du procès : le Général Xu Caihou, ex-n°2 à la Commission Militaire Centrale et Su Rong, ex-n°2 à la CCPPC (l’Assemblée consultative), plus gradé qu’un ministre. On attend toujours le point d’orgue de cette campagne, le procès de Zhou Yongkang, l’ex-allié de Bo Xilai. Zhou reste protégé des grandes familles « historiques », qui craignent pour elles-mêmes. Selon le New-York Times, sur 9 membres du Comité Permanent de 2007 à 2012, dont Zhou-même, quatre possédaient via leurs proches, plus de 150 millions $ d’actifs.
Face à l’orage, les grands de ce monde se mettent en règle, pour éviter de prêter flanc aux attaques anti-corruption : Qi Qiaoqiao (cf photo), la sœur de Xi Jinping, a revendu de 2012 à 2014 pour des centaines de millions de $ d’actifs, permettant au leader de donner l’exemple d’un entourage familial irréprochable face à la loi.
Une main de fer frappe les dissidents (les membres de « Nouveaux citoyens »), mais aussi les sectes, les avocats, la presse. Toute critique envers l’Etat peut désormais être traitée comme cas de corruption et par les organes compétents.
Tout en imposant ce climat glacial, Xi Jinping, qui pilote désormais tous les organes directionnels, avance aussi dans la réforme. Au Comité Directeur des Affaires Financières et Economiques, il ordonne (13/06) une révolution énergétique et des efforts inédits en économies d’énergie, en renouvelables et en nucléaire. Des dizaines de centrales thermiques à haut rendement et faible pollution, seront bâties proches des mines au centre du pays, avec capitaux partiellement privés. Le courant voyagera vers la côte via des lignes à ultrahaute tension, permettant de déclasser les unités polluantes.
Par ailleurs, Xi lance des pistes de réformes inédites : celle de la «
prison de rééducation » et celle du système
judicaire. En six lieux, dont Shanghai et Qinghai, juges et procureurs seront nommés par la province. De même, le Conseil d’Etat prépare des directives pour supprimer le
hukou (permis de résidence) dans les petites et moyennes villes. La Banque Centrale s’apprête à alléger
taxes sur les PME et échanges transfrontaliers en yuan. On voit aussi se dessiner une réforme des écoles avec entre autres, un dépoussiérage des programmes.
Sommaire N° 25