Santé : Chine—mieux vaut prévenir que guérir…

Que la société chinoise jouisse d’une espérance de vie comparable à celle de l’Européen moyen, est une raison légitime de fierté, souvent publiée par le régime. Mais quid de l’espérance de vie en bonne santé ? Relativement banal en Occident, cet indicateur jusqu’à hier manquait en Chine. 

Suivant la recommandation de l’OMS, le Centre de Prévention et de Contrôle des maladies (CDC) de Pékin vient de calculer le sien, chez 6000 Pékinois (des quatre districts intra-muros complétés de deux cantons ruraux), en soustrayant de l’espérance de vie les années passées sous l’empire de cancers, arthrite, troubles cardiaques ou cérébrovasculaires, diabète ou hypertension. 

Le portrait qui se dégage des résultats, est brutal : sur une espérance « brute » de 81,5 ans, le Pékinois de 18 ans peut espérer en tirer 40,2 autres en bonne santé. Dès 58 ans, commencera le lent naufrage, 18 ans de vie (un quart de la vie entière) diminuée et en souffrances et/ou handicaps croissants. Deng Ying, directeur du CDC, conclut que « la qualité de vie des Chinois est tout sauf idéale ». C’est une litote : en Occident, cette phase de fin de vie diminuée n’est que de 10 ans, voire de 8 au Canada. 

Une autre injustice désignée par l’étude, est celle des genres. 

L’ homme vivra 80 ans dont 43,4 années sans maladie. La femme elle, atteindra 84 ans, mais seulement 38 années saines. 

Les hommes vivent donc moins longtemps, mais en meilleure santé, et le CDC conseille au beau sexe, dans l’empire du Ciel, de se soucier davantage de sa santé.

Pourquoi ce déficit de santé face à l’Occident ? Les réponses des épidémiologues sont à vrai dire sans surprise : la qualité alimentaire et la pollution jouent un rôle déterminant. La disponibilité en soins médicaux est aussi un facteur aggravant. En Occident, de bons hôpitaux, une bonne prise en charge permettent de détecter et prévenir ces maladies avant qu’elles ne fassent leurs ravages. 

En 2012, selon le ministère de la Santé, 260 millions de patients chinois souffraient de maux chroniques, qui occasionnaient 85% des décès, et 70% des frais de santé. Mais traités trop tard, ces maux deviennent souvent inguérissables, causant une ponction fatale dans le budget des Chinois, comme dans leur bien-être. 

Autrement dit, le sens de toute réforme médicale en Chine à l’avenir, consistera à aller vers la prévention et des campagnes de dépistage—beaucoup plus tôt.

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