A peine Narendra Modi désigné 1er ministre d’Inde, suite à l’écrasante victoire de son parti nationaliste BJP, Wang Yin, ministre chinois des Affaires Etrangères, se précipitait à New-Delhi avec un message important : comme gage d’un « nouveau départ », il dit son pays maintenant prêt à régler les problèmes frontaliers, pomme de discorde depuis la guerre de 1962, perdue par l’Inde.
À l’Ouest, Pékin revendique comme « Tibet Sud » l’entièreté de l’Etat d’Arunachal Pradesh, et l’Inde attend la restitution du Sikkim, occupé à l’Est. Selon toute vraisemblance, l’accord se ferait sur la base d’une consolidation de la ligne d’occupation actuelle—l’abandon des revendications réciproques.
Ce rameau d’olivier de Pékin recouvre pour lui une vieille demande, mais avec une nouvelle motivation. En effet, sa pénétration en mer de Chine l’isole en Asie, en conflit direct avec Japon, Philippines et Vietnam, et les autres pays de l’ASEAN n’en pensant guère moins.
Modi lui aussi, a de forts intérêts à un tel accord : la paix et la stabilité avec son voisin lui permettraient de lancer (avec l’aide de ce dernier, déjà offerte d’ailleurs) un programme d’autoroutes, de TGV, de fermes solaires ou éoliennes, de ports… Il pourrait mettre entre parenthèses les soucis sécuritaires pour tout investir dans la croissance, qui depuis 2 ans, se traîne en dessous de 5%. Aussi, le rapprochement promet d’être fort et rapide : les deux chefs d’Etat échangeront des visites avant décembre 2014 !
Etrangement, au même moment, Modi donne son feu vert à un réseau de routes militaires de haute montagne, à moins de 100 km de la ligne de démarcation, entre 3000 et 6000 m d’ altitude – projet bloqué depuis des années par l’ancien cabinet. Il renforce 132 garnisons (le long des 2600 km de frontières) et signe la création de 54 autres. Et en mer d’Andaman, il débloque un autre projet gelé depuis des années, d’une oreille géante dans les îles Nicobar, afin d’écouter la station de communication chinoise, installée dans les îles Coco (Birmanie).
Tout cela n’est pas contradictoire. L’Inde de Modi souhaite la libre circulation des hommes et des biens avec la Chine – flux touristiques et échanges de biens électroniques, d’équipements… Mais entre les deux géants, le passé récent est chargé, et la campagne chinoise en mer de Chine, incite Modi à prendre ses précautions.
Sommaire N° 24