Monde de l'entreprise : La potion amère de GSK (et la fin annoncée d’une époque)

La potion amère de GSK (et la fin annoncée d’une époque)

En juillet 2013, le scandale détonait dans le ciel des firmes étrangères en Chine : GSK, leader mondial de la pharmacie, était mis en examen pour corruption des médecins dans les hôpitaux. La fraude était majeure, jusqu’à 490 millions de $ ventilés sur un système de santé vulnérable, outrageusement sous-payé. 

Par cet agent dopant, GSK avait vu ses ventes locales fuser de 3,9 à 6,9 milliards de ¥ de 2009 à 2012. En 2013, elles ont reculé depuis de 20%, mais grâce à une baisse de taxation, le profit a augmenté de 21%. A la veille de l’enquête, M. Reilly, le PDG avait précipitamment quitté le pays, avant d’y retourner pour coopérer – il est depuis sous contrôle de la justice. 

Dix mois plus tard, l’autorité confirme ses accusations. Selon un avocat proche du cas, GSK risque une amende historique, et Reilly jusqu’à 10 ans fermes—quoique la corruption ait été la pratique de plus d’une entreprise en Chine, et que GSK l’ait commencée bien avant l’arrivée de Reilly, qui n’est donc pas coupable de l’avoir introduite. 

L’intérêt du cas GSK est toutefois ailleurs. En juillet 2013, nous commentions que cette affaire permettait à l’Etat de frapper l’étranger d’abord, les grands groupes chinois ensuite—ce qui n’avait pas manqué d’arriver, la compagnie nationale pétrolière CNPC en tête. A présent, on entend dire que la campagne anti-corruption s’essouffle, que son patron Wang Qishan est en quête d’une suite.
Il se dit aussi que le Plenum du Comité Central, qui se tient traditionnellement chaque année en octobre/novembre, pourrait être avancé. Cela permettrait de mettre un terme à la chasse aux corrompus (terme rendu nécessaire par la panne actuelle de la consommation et des investissements), sur un bouquet final en forme de procès de Zhou Yongkang. 

Selon un tel scénario, la campagne anti-corruption doit finir là où elle a commencé : par GSK. 

Et les jours se suivant sans se ressembler, on est tenté de voir une nouvelle campagne se dessiner —contre les pollueurs. Une compagnie vient de recevoir la plus forte amende jamais infligée en Chine pour cause d’atteinte à l’environnement, et c’est justement sur une entreprise étrangère que le choix des autorités s’est porté : le fabriquant de chaudières industrielles, Babcock & Wilcox (USA) doit payer 50.000$ d’amende pour « peintures nocives à l’air libre » dans Pékin. Le groupe américain va donc payer avant les autres, quoique l’état de la pollution industrielle étrangère soit notoirement moins critiquable que le local. Mais ensuite, les consortia chinois n’auront qu’à bien se tenir !

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