Environnement : Pollution – les grandes manoeuvres se mettent en marche

Le 7 janvier, Chen Zhu, ex ministre de la Santé, écrit que le nombre de décès dus à la pollution de l’air ne seraient « que » 350.000 à 500.000 par an. Mais l’auteur d’une étude officielle de 2012 persiste : ils seraient bien 1,2 million par an à décéder prématurément, du smog. Ajoutons les 1,1 million par an de décès liés au tabac, tous adultes, dont la disparition appauvrit les enfants. L’Etat ne peut plus fermer les yeux. 

<p>– Côté tabac, la Commission nationale à la santé et au planning promet d’ici décembre 2014 l’interdiction de fumer en lieux publics. C’est un adieu à la passivité de rigueur jusqu’alors, au nom des taxes du tabac, 865 milliards ¥ (104 milliards de $) en 2013. Mais sous la pression des lobbies, Pékin renonce à tripler la taxe, comme suggéré par une équipe médicale britannique pour le nombre de fumeurs (350 millions et 870 millions de fumeurs passifs, essentiellement femmes et enfants dont 100.000 par an décèdent).

Face à la pollution, l’Etat vient d’imposer un quota par province, de -10 à -25% d’ici 2017 (-20% pour Shanghai) et -30% pour les industries lourdes, par rapport à 2012. Les cadres qui rateront l’objectif seront « invités à s’expliquer », leurs régions seront dénoncées en public, et interdites de subvention. 

L’Etat médite aussi sur les causes de son échec à mobiliser les provinces dans ce combat « vert » : l’une d’elle étant la peur de perdre ses emplois et la mentalité du « après vous ! ». Pour dépasser ce syndrome, l’Etat vient de coupler 4 entités du delta du Yangtzé (Jiangsu, Shanghai, Anhui, Zhejiang), les obligeant à gérer ensemble 10 objectifs tels le recul du charbon et des surcapacités industrielles, ou la promotion de la voiture propre. Le tout lié à des primes de résultat destinées à la poursuite de l’effort. Par ce biais, d’ici 2015, Shanghai va fermer toutes ses petites chaudières, supprimant ainsi 10 millions de tonnes de houille dans les airs. L’investissement central de dépollution de l’air sera de 277 milliards de $ sur 5 ans, visant le sauvetage de 200.000 personnes avant l’heure.

Un autre pôle est constitué au nord, entre Hebei, Tianjin, Pékin, Shanxi et Shandong. Brûlant 43% de toute la houille chinoise, cet épicentre de la pollution chinoise doit d’ici 2017 en économiser 80Mt. En compensation, une prime de 5 milliards ¥ vient de lui être versée, dont 2,6 milliards de ¥ au Hebei. 

En 2013, le Hebei fermait 8347 PME, 8 millions de tonnes de capacité d’acier et 17 millions de tonnes de ciment. De ce fait, sa croissance a été révisée à la baisse, de 8,5% à 8%. Son effort débute à peine : d’ici 2017, sur ses 250 millions de tonnes de capacité d’acier, il est prié d’en couper 60 millions de tonnes. 

Désormais, toutes les industries lourdes, sentant le vent tourner, demandent des technologies (y compris étrangères), pour améliorer leur efficacité énergétique. Les meilleures technologies promettent un « boost » de rendement de 18-22%, amorti en 3-4 ans. Ces groupes là seront les vainqueurs dans la course qui se profilent—mais seuls les plus gros peuvent gagner… Le combat n’est pas égal ! Quoique moins avancée que Pékin, une région comme le Hebei paie pour la capitale : ce sont ses emplois que l’on supprime. Le seul frein, étant la crainte de révolte sociale… 

De plus, la Chine ferme des mines près de Pékin, mais elle les rouvre 500 km plus à l’Ouest : elle vient d’autoriser 15 nouvelles mines, pour 100 millions de tonnes entre Shanxi et Mongolie – autant qu’en 2013. Ce qui revient à déplacer le problème !

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