Petit Peuple : Xinyu (Jiangxi) : les trois rêves du jeune Zou Junyi (Partie 1)

Aucun doute, à 9 ans, l’écolier Zou Junyi était mal parti dans la vie. Né à Xinyu (Jiangxi) dans un milieu modeste, il était entré en maternelle en 2008 à l’âge de trois ans, où il avait appris à se battre pour avoir les meilleures notes, à force de devoirs nocturnes et de cours particuliers. 

Mais au bout de trois ans, alors que tout semblait bien engagé, il avait été frappé par une dystrophie musculaire, un mal dû (chez les garçons) à la mutation d’un gène du chromosome X, et qui se traduit par une perte rapide de masse osseuse et musculaire, entraînant rapidement la paralysie. Les soins sont longs et coûteux – à vrai dire, il n’y a pas de traitement vraiment efficace et reconnu. Pour les parents, dont les salaires combinés faisaient à peine 5000 yuans par mois, c’était la catastrophe. En trois ans, à force d’emprunts et ventes de leur patrimoine pour financer les séances de physiothérapie et les médicaments importés, la note d’hôpital atteignait 600.000 yuans—ils étaient ruinés.

La chose étrange, dans l’affaire, fut la réaction du garçon. Quoiqu’il eût rapidement perdu l’usage de ses jambes, Junyi avait pris la chose avec flegme, quasi-indifférence. Il ne daignait pas gémir sur son corps prisonnier d’un fauteuil roulant, sur ses tibias minces comme fétus de paille, sur les regards en biais des maîtres et de ses camarades. Il n’avait cure des blagues que des chenapans débitaient sur son compte en cour de récréation, sans même se soucier de sa présence. Il ne faisait que travailler d’arrache-pied pour rester, jour après jour, le premier de la classe. Le quotidien était sans intérêt. Seul l’avenir comptait, et il était glorieux. 

« J’ai trois rêves, confiait-il à ses proches, et pas dans n’importe quel ordre ! Je veux d’abord devenir un officier de police, puis je veux guérir, enfin, si les dieux m’écoutent encore, je veux passer un doctorat ». La police, il voulait se l’approprier, dans son esprit d’enfant, comme une puissance magique faite pour tuer le mal, et qui lui permettrait de juguler sa maladie. Mais elle était aussi, en son idéal, le meilleur instrument « au service du peuple », (为人民服务, wèi rén mín fúwù), ce pourquoi il se sentait une vocation ardente et juvénile, plus importante que sa vie même. Enfin, l’obsession de pousser ses études au faîte du cursus universitaire symbolisait le combat de sa vie : pour la supériorité de l’esprit sur le corps.

C’est cette détermination adamantine et naïve qui séduisit son entourage. Dès les premiers jours de sa maladie, les voisins se racontèrent des anecdotes sur son courage. Avec des variantes et 1000 ajouts, telle une parabole miraculeuse, son histoire circula, faisant des vagues jusque dans la presse, au Parti et à la mairie. 

En novembre 2013, Yan Wenjing, le maire de Xinyu, fit décrire le combat du jeune malade sur le microblog « weibo » de la ville. Son cas suscita une émotion dépassant toutes les espérances, et bientôt, une mobilisation prit forme. 300 citoyens se portèrent volontaires et cinq d’entre eux furent sélectionnés pour une tâche bien spécifique… Avec le soutien implicite de la ville et de toutes ses instances et organisations, ils montèrent en quelques semaines, le plus inattendu des scénarios. 

Jeune Policier Handicape ReveLe 13 janvier 2014, dans un centre commercial, à l’heure de forte fréquentation, la mise en scène soigneusement ficelée démarra. « Deux mauvais garçons » se saisirent de « trois malheureuses clientes » venus faire leurs emplettes, les tenant sous la menace de revolvers. Puis arriva le petit Junyi, hors d’haleine, à force de propulser ses roues à la force des biceps. En tenue de policier, sur mesure, il les affronta. A l’aide d’un mégaphone, d’une voix claire et décidée, il engagea les négociations : «  Pensez à ces mères de famille entre vos mains. Soyez bons… C’est dans votre intérêt…De toute manière, vous êtes faits comme des rats… Rendez-vous et la justice sera clémente ». 

Pendant qu’il babillait et amusait la foule de la sorte, une policière en treillis noir, souple comme une liane, rampait par derrière. Le public qui voyait tout, jouait le jeu et se taisait. Mais les bandits décidément crétins, semblaient ne rien voir. Soudain, la femme-panthère fonça sur eux, les désarma et les immobilisa d’une clé de close-combat, sous les vivats de la foule enthousiaste… 

Comment croyez-vous que la scène va se poursuivre ? Pour savoir la suite, un peu de patience, et à la semaine prochaine !

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