Hong Kong : Hong Kong – Chine : l’heure du débat approche

Les liens entre Chine et Région Administrative Spéciale (RAS) de Hong Kong sont tendus. En 2017, le Traité de retour à la Chine prévoit l’élection au suffrage universel du Chef de l’Exécutif de Hong Kong, que Pékin admet. Mais la Chine prétend ne tolérer que des candidats « amis », ce qui est un contresens, que les démocrates du « Rocher » rejettent avec véhémence. Elle exige aussi un résultat « harmonieux » – un consensus autour du pouvoir local. 

Or, les « pan-démocrates », spectre large de sensibilités libertaires, font face au DAB (Democratic Alliance for Betterment), parti des possédants, plus âgés, persuadés que le seul avenir passe par une entente avec Pékin. Les modalités du scrutin doivent être votées cet été : le DAB a la majorité (par un système électoral trafiqué), mais la majorité des 2/3, constitutionnellement obligatoire, rend nécessaire le ralliement d’une partie des démocrates. 

Pékin souffle « le froid et le chaud ». Le 06/03, Zhang Dejiang, Président du Parlement avertit : on ne va pas « copier l’Occident » lors des élections de 2017, et on ne tombera dans le « piège de la démocratie » – ce qui fait enrager les démocrates, bien sûr ! Peu après, comme pour compenser la mauvaise impression, Liu Xinkui, l’émissaire permanent de Pékin, invite à Shanghai tous les partis locaux à deux jours de débats (12-14/04), pour enfin échanger sur ce thème brûlant. 

Deux agressions en trois semaines

Le Parti démocratique d’Emily Lau commença par refuser. La méfiance est grande, surtout après l’attentat du 26/02 contre Kevin Lau, ex-éditeur du quotidien Ming Pao, un des plus actifs pour les libertés de Hong Kong. Limogé en janvier par la direction du journal (sur pression de Pékin), Lau fut agressé au couteau dans la rue par deux bandits et subit de multiples blessures graves. 

Or fait inouï, les malfrats furent arrêtés (09/03) à Dongguan – Canton. Frères de la triade Shui Fong, ils avouent avoir reçu 1 million de HK$ chacun d’un anonyme commanditaire. Ils furent extradés à Hong Kong (17/03), sur ordre de Pékin, selon la police hongkongaise… 

Puis le 19/03, un second attentat advient à Hong Kong, contre deux patrons d’un journal démocrate. Le mode opératoire est comparable : genoux et coudes brisés à la barre de fer… On semble donc faire face non à une, mais à deux Chine, l’une intéressée à exaspérer Hong Kong, et l’autre prête à tendre la main et négocier. 

Carrie Lam, patronne de l’administration, prévient qu’en cas de rebuffade, une autre chance de discuter ne se retrouvera pas. Les démocrates finirent alors par accepter : ils ont reçu l’assurance de rencontrer en tête-à-tête les responsables nationaux du dossier « Hong Kong », et que leurs propositions seront discutées, retransmises. 

De part et d’autre, un tel débat devient urgent. Côté Hong Kong, l’économie semble proche de la panne. Témoin, le magnat Li Ka-shing, en train de se désengager d’au moins une partie de sa fortune dans la ville (les magasins Watson’s, 60% d’un de ses terminaux portuaires, HK Electric). Mais Pékin se soucie aussi de la dérive anti-Chine, de plus en plus visible dans l’ex-colonie. 

Etudiants Parlement TaiwanUn sentiment identique se dessine en même temps à Taiwan, contre le Président pro-chinois Ma Ying-jeou, et le nouveau traité économique déjà négocié, qu’il a du mal à faire valider au Yuan Législatif (Parlement). En témoigne la récente occupation (18/03 – cf photo) du Parlement par des étudiants. Il est urgent de discuter ! 

Aux yeux de Xi Jinping, la crise avec Hong Kong est évitable – à condition de faire de nouvelles concessions qui aillent plus loin que le domaine matérialiste et de la « goulash démocratie », comme Pékin s’est limitée à faire jusqu’à présent.

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