Environnement : Plenum de l’ANP : préparatifs « verts » à pas de velours

L’explosion du smog sur la Chine a donné à Xi Jinping une chance d’agir en environnement, contre les consortia.
À partir du 1 mars 2013 dans 47 métropoles, pour être agréée, toute nouvelle centrale thermique, aciérie, pétrochimie, chimie, cimenterie, fonderie de métaux non ferreux, devra répondre aux normes internationales d’émission de CO2. Par exemple, en thermique, la norme baisse de 30 mg/m3 à 20 mg/m3. Les unités en activité auront 16 à 22 mois de sursis ou + selon le secteur, pour respecter ces normes, sous peine de fermeture. 

L’impact sera lourd. Ces secteurs causent 70% des effluents aériens. Les 47 villes (19 provinces) assurent 70% du PIB, mais 82% (38 villes) n’atteignent pas les normes de propreté de l’air. De ce tour de vis, l’Etat attend un frein à l’insupportable agression sur la santé publique. Il peut aussi en espérer la réduction des plaintes de l’étranger envers ses exports à bas prix, subventionnées par la permissivité en pollution. Enfin, cette mise au pas accélérera la concentration des secteurs et une compétitivité accrue, suite à la disparition des petites unités polluantes, incapables d’assumer les frais de leur passage à un mode productif plus respectueux de l’environnement. 

En aval, une série d’autres étapes se prépare. Une future législation de restriction des microparticules (µ 2,5) est soumise à l’avis public jusqu’au 04/03 – veille de la session de l’ANP (Parlement), permettant un débat immédiat. Elle prépare un réseau national de monitoring pour 2015, et sans doute, des quotas urbains d’émission pour 2020. Elle prône aussi une prévention des émissions par la planification des villes futures, jusqu’à présent grande absente de l’urbanisation chinoise. 

Jia Chen, du ministère des Finances, annonce le remplacement de la taxe de pollution (contre les émissions de soufre) par une taxe de protection de l’environnement englobant le CO2. Peut-être de 10¥ par tonne de CO2 en 2015, puis 50¥/t en 2020. Fait essentiel, cette taxe ira aux provinces et non à l’Etat, ce qui fera d’elles d’ardentes supportrices du système. Elle sera suivie d’un système de quotas « cap-and-trade » d’émissions de CO2 aux usines, autorisées à échanger les reliquats, dans 7 places boursières spécialisées d’ici fin 2013. 

A cette taxe, s’ajouteront des taxes de ressource, sur l’eau et sur la houille : pour celle-ci, la taxe sera sur les revenus à la vente et non plus le volume vendu. Dernière arme anti-pollution déjà en cours d’imposition : une assurance obligatoire, à laquelle souscrivent 2000 firmes dans 12 provinces, au fonds de 3,2 milliards de $ pour compenser d’éventuelles catastrophes. 

Tout cela aura des répercussions sur la carte écologique du monde. Les USA, ainsi, perdront leur argument n°1 pour refuser de coopérer dans la lutte contre le réchauffement global. 

Pour la Chine, il est temps : depuis 1980, l’usage du charbon a triplé, et celui des moteurs, vingtuplé. Si rien n’était fait, en 2050, son atmosphère, son sol et ses eaux contiendraient + de 85% d’effluents ammoniaqués, et huit fois plus d’effluents azotés, avec pour la santé chinoise, une dégradation inconcevable. Sur la nouvelle politique, on en saura plus lors du discours d’ouverture du Plenum de l’ANP par Li Keqiang, le nouveau 1er ministre succédant à Wen Jiabao. 

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