Pour une sanction, c’est une sanction, assénée au
football chinois par la CFA (China Football Association), le 19/02. Douze clubs punis, et 33 joueurs, officiels et arbitres bannis à vie ! La frappe complète celle de juin 2012, qui avait jeté en prison jusqu’à 10 ans, 8 acteurs.En fait, de fin 2009 à fin 2011, une action historique d’assainissement a eu lieu, tentant d’arracher au ballon rond chinois sa pratique des matches achetés et des paris clandestins. Des centaines de gens connus ont tour à tour disparu, interrogés dans un hôtel du Nord du pays (Dalian, peut-être). Personne ne sachant qui avait dit quoi, tout le monde confessa ! Plus de 50 célébrités furent condamnées.
Le verdict taxe ces 12 clubs de 500.000 à 1 million de ¥, et jusqu’à 6 points au championnat. Le plus sévèrement puni est Shenhua (Shanghai), qui vient de perdre ses stars Drogba et Anelka – on comprend mieux maintenant la raison de leur départ précipité, juste avant le scandale. Shenhua se voit aussi dépossédé de son titre de vainqueur de la Ligue de 2003.
La sanction n’a pas convaincu les afficionados. Punir des actes vieux de 10 ans, c’est donner des amendes faibles, sans rapport avec les chiffres de 2013 : les salaires d’Anelka et Drogba, par exemple, dépassaient 1M d’€/mois, face auquel l’amende de 130.000€ fait sourire. Pas de relégation non plus, quoique la CFA l’ait pratiqué en 2010, sur des clubs tel Canton, qui crie (pas forcément à tort) au favoritisme. Enfin, la sanction épargne le juge lui-même, la CFA, qui pourtant notoirement impliquée comme les autres.
Et justement, la gestion politique de l’affaire n’a pas été à la hauteur de celle policière. On sent la récupération, le replâtrage. La CFA justifie ses verdicts doux par le souci de ne pas casser la maison football. Mais en même temps, est passée à la trappe la promesse d’une élection partielle par les clubs, d’une Fédération qui aurait permis à ces derniers d’accéder à la gestion de leur sport comme partout au monde. Il faut préciser ici que cette CFA n’a d’« association » que le nom, organisation de contrôle des masses parmi d’autres, issue du temps de Mao et non réformée depuis…
En somme, pour l’heure, l’Etat – Xi Jinping se montre d’accord pour frapper les corrompus (pas trop fort), mais pas pour doter le sport d’une dose d’autonomie qui briserait son monopole du pouvoir, la sacro-sainte dictature du prolétariat. On verra si la formule permet d’atteindre le rêve immémorial de la Chine : d’accéder enfin à un sport de masse de niveau mondial.
Heureusement, d’autres types de progrès apparaissent à la base, depuis Canton. Evergrande, club irrigué par deux milliardaires de l’immobilier (qui s’entendent bien) a remporté la Ligue, deux saisons d’affilée.
Son secret : la recette classique d’achat d’internationaux, les joueurs Yakubu (Nigéria), Elkeson (Brésil) Conca (Argentine) ou Barrios (Paraguay), l’entraîneur M. Lippi, entraineur de la Squadra italienne jusqu’en 2010. Surtout, avec l’aide du Real Madrid et du Milan AC, Evergrande pense à la formation, créant école, et université dont sortiront diplômés 100 talents qui pourront par la suite être prêtés. Avec de telles actions à long terme pour apprendre de l’Europe, le football chinois se donne enfin les chances de sortir de l’enfer !
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Jean
26 février 2013 à 08:31Drogba, Anelka… Décidément, dans le monde du ballon rond de l’Empire du Milieu de terrain, l’enfer, c’est les hôtres de marque.