Discrètement, de nouvelles campagnes sont lancées tous les jours à travers la Chine – embryons de politiques que le
gouvernement de Xi Jinping lance pour tester le terrain et gagner du temps, en rendant aux foules l’espoir de changement.Premier terrain d’action : la pollution. Le vice-maire de Pékin, Wang Anshun, annonce des mesures pour 2013 : 180.000 voitures désuètes seront retirées, ainsi que 44.000 chaudières d’immeubles et 450 usines. L’usage du charbon durant les pics de pollution (y compris charbon de bois) sera taxé de 5000 ¥ dans les restaurants (adieu brochettes de mouton grillées !), et pour les véhicules dépassant leur plafond autorisés, l’amende sera de 3000 ¥. De toutes ces mesures, Pékin espère réduire ses émissions de 8000 tonnes, soit 2% – chiffre bien dérisoire au vu de l’immensité des pics de pollution déjà atteints ! Par la suite, certaines usines seront temporairement interdites de produire, et les camions de rouler (80% de la pollution routière). De nouvelles normes automobiles plus strictes seront mises en place, favorisant ainsi les marques étrangères, plus sensibilisées à la combustion propre. Surtout, se prépare une loi de l’atmosphère instaurant quotas d’émission, bourse d’échange des quotas, et l’obligation aux gros émetteurs de publier leurs volumes.
Les media du pays gardent les yeux rivés sur le Nanfang Zhoumo (à Canton) par qui le scandale est arrivé. L’Etat multiplie les gestes de conciliation, avec des implications pour l’avenir. Journaliste estimé, Wang Genghui remplace comme rédacteur en chef le détesté Huang Can : c’est un pas vers l’autodétermination par les journalistes de leurs chefs. Le département provincial de la propagande renonce à censurer les articles avant publication : journal et reporters doivent toujours respecter les consignes de censure, sous peine de sanction, mais le contrôle se fera a posteriori, ce qui constitue pour eux un pas vers la liberté de presse (plus de censeur en rédaction) et fera précédent aux autres média.
En contrôle des naissances aussi, le progrès vient – à petits pas. Contredisant le propos péremptoire du ministre de la Population la semaine passée, pour qui le planning est là pour rester, Ma Jiantang, patron des statistiques nationales, déclare son inquiétude face au recul désormais visible de la population active et souhaite publiquement que l’Etat change de politique dans un sens plus scientifique.
Le 21/01, le ministère de la Sécurité publique annonce l’arrestation de 1152 employés des télécoms ou de banques, pour avoir détourné les données privées des citoyens. 346 gangs ont été démantelés pour avoir vidé les comptes des cartes de crédit, pour enlèvement ou chantage, ou pour avoir vendu à des prestataires de services des listes d’usagers potentiels : celles de millionnaires à des agences de garde du corps, celles de futures mères à des fabricants de layettes ou de lait en poudre… Cette action suit le vote à l’ANP (28/12) de la loi de protection des données privées sur internet, bannissant la revente des données confidentielles des abonnés.
Enfin, Xi Jinping promet (23/01) de traquer la corruption à tout niveau et de renforcer les contrôles : « le pouvoir doit être confiné en cage » ! Derrière cette annonce se prépare un plan quinquennal de la CCID (Wang Qishan), qui pourrait déboucher sur une déclaration obligatoire par les hauts cadres de leurs richesses. Affaire à suivre !
Sommaire N° 4