Politique : Lutte anti-corruption : le pic reste à venir

Depuis l’été, la campagne anti-corruption n’en finit pas de prendre de l’ampleur, s’étalant dans toutes les directions. Parmi les derniers «  tigres », hauts cadres pris dans la nasse, figurent (liste non limitative) :

Li Chunping, trader (Wenzhou), inventeur d’une (fausse) « Atlantic Bank of America, Delaware », fraudeur – prison à vie;
Yu Guorong, banquière de Chongqing (Banque de Chine) ayant détourné 2,8 milliards ¥ en 10 ans, extradée de Thaïlande, encourt la mort;
Guo Youming, vice-gouverneur du Hubei est démis de ses fonctions pour « sérieuses fautes disciplinaires ».
Cai Rongsheng, de l’université Renmin, est arrêté à Shenzhen, en fuite, accusé d’avoir pris jusqu’à 1 million de ¥ par étudiant, pour intégrer cette université « par la porte de derrière ».
Zhang Yimou, le réalisateur, sous les feux des média, accepterait de payer 160 millions de ¥ d’amende pour ses « au moins » sept enfants, dont trois avec sa femme Chen Ting…

Après la CNPC (pétrole) et la COSCO (armement maritime), c’est à Chalco, le géant mondial de l’aluminium de communiquer – discrètement- la démission de son vice-Président Li Dongguang « pour raisons personnelles » tout en rassurant clients et partenaires que la démarche « n’aura nulle incidence » sur les résultats du groupe. A Sinosure (assurance), c’est le n°2 Dai Chunning qui marche sur les charbons ardents. Chez China Southern, quatre « exécutifs » sont mis sous investigation… 

Tout ceci ressemble aux premiers fruits d’une série de 10 enquêtes financières diligentées mi-octobre à travers administrations, consortia d’Etat et provinces. 

La date de ce bilan en cours d’apparition n’est pas fortuite. Sous l’impulsion vigoureuse de Wang Qishan, patron de la CCID (police du Parti), la Chine « fête » le 1er anniversaire (4/12) de l’édiction des règles nouvelles de frugalité et de transparence. Durant ces 12 mois, la CCID a sanctionné près de 20.000 cadres. Souvent dénoncés, les fautes traquées recouvrent les détournements de fonds publics à fins de cadeaux, banquets et voyages (d’agrément), sorties touristiques, divertissements, abus de voitures de fonction et distribution de primes indues. Tout ceci, en peu de temps, a donné lieu à 917 délations de « décadence dans l’appareil ». Près de 99% des fautes ont été relevées au niveau de districts ou de municipalités, auprès des «mouches» (petits cadres). Les 1% restants concernent les « tigres », les hauts cadres qui sont ainsi empêchés de faire obstacle à la politique de réforme de Xi Jinping. 

Autre signe parlant : à Shanghai, Yang Xiaodu patron de la Commission locale de discipline, est remplacé par Hou Kai, 51 ans, ancien auditeur national, et surtout membre du Comité Permanent de la CCID. Ainsi, les leaders régionaux de cette police interne du Parti commencent à être nommés par Pékin. De la sorte, la campagne centrale prend de l’essor en province, capable de résister aux pressions et ne rend compte de ses actes qu’à Pékin, à Wang Qishan, nouvel homme fort et bras droit de Xi Jinping. La campagne apparaît structurée pour aller jusqu’au bout : nettoyer l’administration, assainir le climat étouffant des dernières années, et conférer à Xi Jinping un pouvoir personnel inégalé depuis des décennies.

Légende photo : siège de la CNPC à Pékin

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