Diplomatie : David Cameron, Jean-Marc Ayrault : des visites aux succès divers

Le hasard veut qu’en 48h, les Premi ers ministres de deux grandes nations d’Europe viennent en visite en Chine (01-06/12) : David Cameron de Grande-Bretagne, Jean-Marc Ayrault de France, venaient tenter de renforcer leurs relations, manière de lutter contre la crise. Pour l’observateur, la différence de styles est instructive : 

David Cameron sembla prêt à jouer le tout pour le tout pour arracher son pays à une relation en chute libre depuis 18 mois. En mai 2012, il avait rencontré le Dalai Lama, et critiqué la Chine sur ses droits de l’Homme – ce dont Pékin avait pris ombrage et, encore il y a quelques mois, une visite de réconciliation du 1er ministre avait été annulée. 

Aussi cette fois, Cameron multipliait envers la Chine les bras tendus. Aux financiers, il promettait des conditions imbattables et aux voyageurs, des visas « express ». Sur le Dalai Lama, il se rétractait entièrement assurant que « la page était tournée », et aux enfants d’Angleterre ou de Cornouaille, il préconisait de troquer l’étude des langues de Goethe ou de Voltaire, pour se concentrer « tout Schuss » sur celle de Confucius !
Nonobstant ces amabilités, les résultats furent maigres… 

Cameron partit avec un accord sur les coproductions de cinéma, et un contrat de ventes pour 80 millions£ de semence porcine…
Par contre, il fut étrillé par la presse anglo-saxonne , jugeant sa prestation « pathétique »: le R-U avait plus besoin d’un « homme d’Etat » (« statesman ») que d’un « commerçant » (« salesman »). Quant à la presse chinoise , peu impressionnée par la contrition du tribun, elle le taxa « d’hypocrisie » et dénigra le partenariat avec un pays « vieillot, juste bon à y voyager et à y étudier ». 

Ayrault Ambassade De France Public 1 CompressedJean-Marc Ayrault lui, arrivait avec cinq de ses ministres et d’autres hauts dignitaires parmi lesquels Martine Aubry, que l’on dit en quête de son portefeuille à l’hôtel Matignon. 

Il fut reçu à tous niveaux, de Li Keqiang le 1er Ministre, à Xi Jinping le Président, Zhang Dejiang le Président de l’ANP et autres… 

Il inaugura un séminaire sur le nucléaire, pour fêter 30 ans de coopération spécialisée.
Il annonça avec Li Keqiang six mois de festivités au titre du 50ème anniversaire de l’ouverture des relations par le Général de Gaulle.
Pas par hasard, il suggéra que le futur nouveau Lycée Français International de Pékin, au chantier encore bloqué par de mystérieuses difficultés, serait décoincé avec l’aide de Xi Jinping, et baptisé au nom du père fondateur de la 5ème République.

Jm Ayrault Li Keqiang 50 AnsAu plan des résultats annoncés durant la visite, figure le feu vert à la JV Dongfeng-Renault, avec une usine à 1,3 milliard de $ pour une production initiale de 150.000 véhicules multifonctions. Le compte à rebours pour l’homologation vétérinaire de la charcuterie française, le visa français aux Chinois en 48 heures, et « 50.000 étudiants chinois en France d’ici 2015 » (contre 35.000 actuellement). 

Durant leur rencontre, Li Keqiang devait célébrer la « qualité exceptionnelle » de cette relation – preuve, selon lui, de la « capacité mutuelle à développer une coopération dans la confiance, en dépit de niveaux de développement très différents ». « Nous sommes prêts, devait-il s’exclamer, à aller plus loin, par exemple dans l’exploration conjointe de marchés de pays tiers, en centrales nucléaires ». Et une haut fonctionnaire chinoise, en marge, de préciser : « pour nous, en matière politique et conceptuelle, en raison de son esprit d’indépendance et non aligné, la France est première ». Manière de célébrer des relations qui sont aujourd’hui sans rides.

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