Politique : Un « parti tout neuf » pour Bo Xilai ?

Trois jours avant le Plenum, le 06/11, Mme Wang Zheng (photo), professeur d’économie internationale au Beijing Institute of Economics & Management, franchit une ligne de non-retour en annonçant aux agences étrangères, par téléphone, la création d’un nouveau parti nommé « Zhi Xian » ou de « la Constitution, l’autorité suprême ». 

Pour ne rien laisser dans le doute, l’intellectuelle annonça que le poste de Président de la formation d’opposition était offert à vie à… Bo Xilai ! A cette date soigneusement choisie, c’était en soi une triple provocation : elle fondait une structure politique potentiellement rivale du parti au pouvoir, elle lui donnait un nom « démocratique » réclamant le respect de la Constitution, ce que Xi Jinping a lui-même dénoncé cet été à travers un très conservateur « document n°9 », et elle proposait pour sa présidence un homme condamné à la perpétuité, ex-rival n°1 du Président. 

Plusieurs questions se posent donc, au Parti comme aux observateurs : que prétendent faire Wang Zheng et ses amis avec ce parti Zhi Xian ? Le pouvoir va-t-il le dissoudre et arrêter ses auteurs ou bien prétendre ignorer toute l’histoire ?

La naissance a été formalisée par l’envoi de courriers au siège du PCC, et aux 8 mini-partis tolérés par le régime. Ce qui donne un indice, tout comme ce nom choisi, et comme le profil libéral de Wang Zheng : se réclamer de Bo Xilai, pour ces fondateurs, ne signifie pas qu’ils en partagent toutes les valeurs. Ce qu’ils cherchent à promouvoir, dit-elle, est le pluralisme et le droit à la critique, qui sont enchâssés dans la Constitution : aujourd’hui peu appliqués, ils deviennent toujours plus nécessaire dans un Etat en voie de sophistication. 

Citons ici Reuters : « Wang Zheng a rejoint le nombre croissant de Chinois disposés à s’élever… pour leurs droits, y compris les environnementalistes et des mouvements tels les ‘Nouveaux Citoyens’ qui veulent faire pression de l’intérieur pour faire avancer le système ». Il n’est donc pas question de contester le droit du PCC à gouverner, mais de militer pour le respect de la Constitution à propos des libertés fondamentales (de rassemblement, d’opinion…), et en faveur d’élections qui existent en Chine, mais encore limitées au niveau de base dans les campagnes. Wang Zheng a écrit à Xi Jinping, mais sans le critiquer, et elle se garde de revendiquer une démocratie de style occidental, ce qui précipiterait sans doute son arrestation. A vrai dire, c’est déjà beaucoup – plus d’un dissident a été incarcéré après avoir osé ce type de démarche, tel Xu Zhiyong, fondateur des « Nouveaux Citoyens ». Pour l’instant, Wang Zheng n’est pas privée de liberté, mais sous surveillance étroite. 

Détail qui confirme l’aspect « amateur » voire « naïf » de ce parti : Bo Xilai apparemment non consulté sur cette présidence offerte, n’a pas donné sa réponse. Par contre, dès l’annonce de cette formation, une série de défenseurs notoires du leader déchu ont pris leur distance et suggéré que l’initiative était en désaccord avec sa philosophie politique. Imprégné de la discipline collégiale du Parti, l’ex-maître de Chongqing n’aurait jamais accepté de se commettre à soutenir une formation rivale.

Enfin, selon Han Deqiang, universitaire, le Parti ne peut regarder cette apparition sans « grande nervosité ». Aussi, sa réaction sera valeur de test sur son actuel degré de tolérance sur toute opposition à son monopole du pouvoir.

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  1. Jean

    La politique chinoise est une partie de weiqi jouée sur un échiquier aux bords élastiques.

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