Avec l’arrivée du chauffage, l’air hivernal risque encore d’atteindre des records de
pollution.L’Etat prend des mesures : le gaz urbain est mis sous quota, tout comme le nombre de nouvelles plaques de voitures dans Pékin : de 600.000 en 2010, elle sont 150.000 en 2013, pour atteindre 90.000 en 2017.
De plus, d’ici 2017, l’usage national du charbon devra avoir baissé d’un quart, pour ne représenter que 65% du mix énergétique.
Xie Zhenhua, le négociateur climatique, fait (06/11) une déclaration choc : plus question désormais de tergiverser, le pays souffre de « pollution sévère, affectant la santé physique et mentale de tous ». La faute est à « un modèle de croissance dépassé », des émissions « très lourdes » d’effluents, et une « structure énergétique et industrielle déraisonnable » (allusion aux surcapacités massives, dues à la rivalité anarchique entre provinces).
Xie Zhenhua se rend à Varsovie au Sommet climatique à 190 pays (11-22/11) qui espère adopter en 2015 une discipline contraignante des émissions de carbone.
Xie a déclaré son pays « flexible », prêt à avancer, pour peu que les pays riches versent aux pauvres les 100 milliards de $ promis en 2009, en contribution à leur passage vers une économie à bas carbone. Par rapport aux blocages qui étaient le lot des sessions précédentes, sous la pression des Etats-Unis et de la Chine, le changement a de quoi frapper.
En effet, avec 9,2 milliards de tonnes de CO² rejeté en 2012, la Chine truste 7% des émissions mondiales. Pire, sous l’effet de la récession, l’augmentation des émissions mondiales de CO² a ralenti de 50% en 2012 – mais l’Empire du Milieu lui, a vu les siennes monter de 3% !
Entre Dongbei et le Centre de la Chine, les villes ont désormais 25 à 100 jours de smog par an, et pour la première fois, au Jiangsu, une fillette de huit ans est diagnostiquée d’un cancer du poumon… Comme la société urbaine, aujourd’hui de 700 millions d’âmes, approchera 1 milliard en 2025, la situation ne pourra qu’empirer, sauf si la Chine change de modèle de développement : elle s’y prépare.
En juin, elle ouvrait sa première bourse carbone à Shenzhen, entre 800 entités (usines, administrations) dotées de 100 millions de tonnes de certificats d’émissions, 40% de la pollution de la ville.
Depuis, en trois mois, 185 achats ou ventes ont eu lieu, à 60 à 80¥ par tonne. Jusqu’à présent, ces entités restent plutôt passives, faute de savoir si après 12 mois, elles auront utilisé ou non leur quota, et devront par conséquent acheter des crédits à l’extérieur, ou au contraire vendre à profit leur reliquat. Mais elles apprennent, et leur expérience sera utilisée par les bourses de Pékin, Shanghai et Canton, qui ouvrent d’ici la fin de l’année. Le réseau national, reliant tous les acheteurs et vendeurs du pays, est pour 2016. Dès lors, toute la Chine urbaine aura un incitatif puissant à investir pour polluer moins, ce qui est le but de la manœuvre.
Dernière nouvelle, récemment, quoiqu’en mauvais terme avec le Japon, pour cause de litige sur les îles Diaoyu-Senkaku, la Chine a invité des experts nippons à venir l’aider à juguler son dragon de CO2. Japon et Corée ont intérêt à le faire, car les effluents portés par les vents traversent la mer, souillent leur atmosphère et alimentent la tension.
A Séoul, les media évoquent ces gaz venus du continent comme des « raids aériens ». Or au Japon, le media Yiomiuri, quoique ardent nationaliste, appelle les deux pays à remiser leurs différends pour se concentrer sur ce seul problème central, celui qui compte ! Comme quoi l’environnement, en se détériorant, bouleverse toutes les perspectives, et les priorités en tous pays.
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JF Christin
9 novembre 2013 à 15:39« Pire, sous l’effet de la récession, la planète a réduit de moitié ses fumées cette année-là » : information surprenante qui mériterait verification…
Le Vent de la Chine
11 novembre 2013 à 08:43Merci M.Christin de votre oeil attentif.
Effectivement, une erreur s’était glissée dans cette phrase – maintenant corrigée :
» Pire, sous l’effet de la récession, l’augmentation des émissions mondiales de CO² a ralenti de 50% en 2012 – mais l’Empire du Milieu lui, a vu les siennes monter de 3% ! «