Economie : Conjoncture – Le calme, avant la bataille

En octobre 2013, l’économie a multiplié les signes de reprise, et en fait, de stabilisation. Bonne nouvelle pour l’équipe dirigeante, après 9 trimestres sur 10 de recul de la croissance. Au 3ème Plenum, elle sera en position de force pour téléguider un changement de paradigme, vers une économie durable.

Octobre a vu la fin d’une période de fortes importations en pétrole, cuivre et minerai, et une légère reprise (+3,2%) de l’exportation – le malade de l’année. De janvier à septembre, il manque les 8% d’objectif (7,7%, avec 3006 milliards de $). Au plan national, le surplus commercial s’est toutefois embelli, passant à 23,9 milliards $ contre 15 milliards $ en septembre. Achevée le 04/11, la Foire d’automne de Canton a vu l’effritement de son chiffre d’affaires à –10,9% par rapport à celle du printemps (31,7 milliards $).

Symptomatiquement, Li Keqiang ET la Banque Centrale avertissent ensemble contre un excès de liquidités et de prêts bancaires. Au 1er trimestre, dit-il, le crédit atteignait déjà 16,4 milliards de $, soit deux fois le PIB national. 

Aussi fin octobre, le Conseil d’Etat se risquait à augmenter les taux à court terme, tout en refusant opiniâtrement de réinjecter davantage. Avant de relâcher la pression après quelques jours, afin d’éviter l’affolement des marchés connu en juin. De même, sous peine de répercussions sévères sur leurs carrières, il interdisait deux fois en 15 jours, aux banquiers et cadres provinciaux, tout crédit aux secteurs en surcapacité (acier, verre plat, aluminium, ciment et chantiers navals). Ceci permet de toucher du doigt la contradiction d’intérêt entre provinces et niveau central. 

L’énorme crédit est consenti par et pour les provinces, qui vendent du terrain de plus belle et maintiennent un prix élevé du foncier et de l’immobilier, leur principale source de financement. De même, pour l’emploi local, celles-ci maintiennent la tête hors de l’eau leurs verreries et fonderies de métaux qui stockent leurs marchandises, vendues ensuite à bas prix et polluant à tout va. De l’aveu même du Quotidien du Peuple, 40 à 60% de la production mondiale d’acier, d’aluminium ou de verre plat est made in China, dont près du tiers ne trouve pas preneur. Le diagnostic, ici, est trop d’investissement lourd et pas assez de transformation, de design ou de R&D… 

On voit le courage qu’il faudra au Conseil d’Etat pour imposer les sombres coupes nécessaires dans ces outils excédentaires, afin de permettre aux meilleurs de travailler à profit, tout en créant enfin un marché uni dépassant l’actuelle collection de marchés provinciaux, petits rivaux en concurrence délétère. C’est là le but premier du 3ème Plenum et de sa réforme du crédit : faire faire le douloureux nettoyage par le jeu du marché. 

Pour le reste, Li Keqiang a confiance d’atteindre les 7,5% de croissance de PIB nécessaires afin de créer 10 millions d’emplois pour l’année. En attendant, il s’agit de composer, maintenir le crédit juste assez ouvert, pour éviter la faillite aux provinces les plus endettées, et juste assez fermé, pour limiter l’inflation (+3,1%, plus forte hausse depuis avril) voire un crash immobilier. 

Heureusement, une reprise plus saine se fait aussi sentir, comme celle des services, dont l’indice des directeurs d’achat (PMI) augmente légèrement à 52,6 contre 52,4 en septembre. C’est peut-être à mettre en lien avec les +25% d’entreprises créées dans l’année, et les 334 licences éradiquées par Li Keqiang depuis janvier – résultat encourageant pour l’avenir ! 

Légende photo : Une croissance encore basée sur l’investissement – le futur terminal 3 de l’aéroport Bao’an de Shenzhen

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