Promise par
Xi Jinping avant l’été, l’arrestation des « tigres » (grands corrompus, par opposition aux « mouches », petits corrompus) bat son plein.Le 17/10, on apprend la mise sous enquête de Ji Jianye, 56 ans, maire de Nankin (Jiangsu), pour irrégularités portant sur 20M¥. Comme pour toutes les frappes de la campagne en cours, c’est la Commission nationale de discipline (纪律检查, jilüjiancha) qui officie, police interne du Parti sous la poigne de fer de Wang Qishan. Il se trouve que Ji passe pour un fidèle de Jiang Zemin, l’ex-chef de l’Etat, dont il avait administré la ville natale, Yangzhou jusqu’à fin 2009.
Le 17/10 aussi, c’est Wei Zhigang qui tombe, patron de la CNPC en Indonésie. Jusqu’à mars, la CNPC, 1er groupe pétrolier chinois était la base de pouvoir de Zhou Yongkang maître occulte de toutes les polices. Depuis, une vingtaine de cadres de la CNPC et d’apparatchiks sont sous enquête, tous des hommes de Zhou.
Une autre mini-bombe fut la sortie dans la presse (14/10) que Li Xiaolin avait arrangé, en 1995, pour le groupe suisse Zurich, un cachet de 16,9M$, à trois grands patrons chinois, pour qu’ils lui cèdent 20% de l’assurance New China Life – quatre ans avant que ce type de participation ne soit ouvert aux étrangers. Une partie du cachet avait été investi en cadeaux : au ministre des Finances par exemple, une villa à 600.000$ aux Etats-Unis, pour sa fille qui y étudiait. La source de ces révélations est un procès aux USA entre deux de ces hommes affaires, l’un accusant l’autre d’avoir détourné une partie de la somme.
L’Etat chinois n’a pas réagi – seul le groupe Orient, principal actionnaire de New China Life a démenti. Mais le fond de l’affaire est ailleurs, dans l’état civil de Li Xiaolin : elle n’est autre que la fille de Li Peng, l’ex-1er ministre. Avec Jiang et Zhou, Li appartient au clan conservateur hostile aux réformes. Mais sous l’effet de ces affaires qui les mouillent, chacun semble mettre en sourdine leurs préventions et deux d’entre eux au moins (Jiang et Zhou) ont dernièrement soutenu publiquement la ligne de Xi Jinping. C’est –probablement– le fruit de cette campagne, dont un but était de contenir la corruption et un autre, de casser les résistances des ultra : d’assurer lors du Plenum, une majorité favorable au changement.
Une autre évolution permet de préciser la ligne du pouvoir. Début juin, le poste de vice-Président de la CBRC, tutelle des banques, revenait à Yang Jiacai, échappant à Liu Chunhang, pressenti pour le poste. Liu était aussi le gendre de Wen Jiabao, le 1er ministre sortant.
Pour Xi Jinping notoirement à l’origine de cette promotion, Wen était plutôt un allié, favorable aux réformes. Ce qui ne l’a pas empêché de choisir un homme compétent, plutôt qu’un homme de haute famille : pour le chef de l’Etat, dans toutes ces décisions de personnel (qu’il s’agisse de promotions ou de sanctions), la loi doit désormais peser d’un poids plus fort qu’hier, face aux influences des clans !
Justement, sur les décisions qui pourraient être prises, une lueur s’agite au bout du tunnel. Un document « 383 » circule, que l’on dit rédigé par Liu He, conseiller de Xi Jinping : il refléterait le document cadre du 3ème Plenum. Le sujet principal serait la réforme du crédit, de la taxation et du sol, sous la formule anodine de « mécanisme de logement à long terme ».
Il s’agirait de renforcer la propriété du sol rural, de systématiser et alourdir la taxe foncière, afin de donner aux mairies et provinces un revenu stable et durable, et de réduire les privilèges des grands groupes d’Etat : dégager les ressources nécessaires pour mener à bien 10 ans de campagne d’« urbanisation » !
Sommaire N° 33