Energie : Xi Jinping dans les steppes d’Asie Centrale, à la pêche à l’or noir

Xi Jinping avait pris son souffle, pour ce parcours du combattant en Asie centrale : 11 jours (3-13/09), quatre étapes, deux sommets (le G20 de St Petersburg, le Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai à Bishkek) qui lui firent croiser Vladimir Poutine, deux fois en neuf jours, des dizaines d’accords bilatéraux, des dizaines de milliards de dollars engagés entre les cinq pays de cet immense « milieu des Empires »…Même le Tadjikistan, que Xi évitait, était présent, à travers le futur réseau de gazoducs à très haute capacité, signé avec quatre pays. 

Un concept de grande ampleur se dégage, explicité par Xi à l’étape d’Astana (Kazakhstan) : celle d’une « nouvelle route de la soie » ou plutôt zone industrielle du Pacifique à la mer Caspienne, qui revitaliserait toute l’Asie continentale, y compris Inde et Asie du Sud-Est, 3 milliards de citoyens. Xi proposait aux partenaires de commencer par repenser les axes de communications multipodes, tel ce « Transibérien du Sud » qui relie depuis 2009 Chongqing à l’Europe, permettant de gagner 16 jours sur le trafic maritime pour la moitié du prix du fret aérien. 

Un obstacle est mental : la méfiance envers la Chine, le rêve d’indépendance, le refus de troquer une zone d’influence russe pour une autre chinoise, la crainte de ce nouveau géant qui bouscule sans complexe son style de vie. Cela se voit dans le tourisme, où les visas vers ces pays coûtent plus cher que ceux vers les Etats-Unis et où le « 1er de la classe », le Kazakhstan ne reçoit que 250.000 Chinois par an… Manque aussi la langue chinoise. Aussi Xi offre dès maintenant 10.000 stages pour profs et étudiants des 5 pays, et 30.000 bourses d’études, chapeautés par les Instituts Confucius qui gagnent en influence. 

Le reste du voyage, a odeur d’or noir : à coups de prêts, dons et prises de participation, c’est une pêche miraculeuse aux hydrocarbures à laquelle Xi s’est livré durant ces 11 jours. 

Au Turkménistan, il inaugure le gisement gazier de Galkynysh, 4ème mondial, et assure des livraisons à la Chine de 25 milliards de m3, puis 65 milliards de m3 en 2020 (cf. VdlC N°29). 

Au Kazakhstan, pour 5 milliards de $, la CNPC prend 8% du gisement offshore de Kashagan, et au total, 30 milliards de $ de contrats ont été signés. 

En Ouzbékistan, 15 milliards de $ de contrats gaziers, et les 2,9 milliards de $ de commerce bilatéral en 2012 (+33%) seront 5 milliards en 2017. 

Au Kirghizistan, pas d’hydrocarbure, mais Pékin paiera les 225 km de gazoduc qui rapatrieront « son » gaz turkmène. Au total, pour 3 milliards de $, il paie une autoroute Nord-Sud, et rénove la centrale thermique de Bishkek, l’aéroport, la zone industrielle frontalière… 

En dépit des méfiances locales, la Chine se sent à l’aise dans ces pays. Dilapidés par l’ère soviétique et en mal d’investissements, tous sont dirigés, de main de fer, par des dictateurs, où les droits de l’Homme ne sont pas un sujet de débat…

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