Que donnent les «
petits empereurs » (小皇帝, xiao huángdì), une fois adultes?Lisa Cameron et Xin Meng, de l’université Monash (Melbourne) publient leur enquête au British Medical Journal, sur 33 ans de planning familial et sur le véritable prix à payer pour avoir épargné à la Chine dans la période 400 millions de bouches à nourrir.
Les chercheurs ont sélectionné dans Pékin (où le planning fut appliqué sans faille) 421 jeunes adultes (29 à 37 ans), nés juste avant et après l’imposition du système, qu’ils divisèrent ensuite entre enfants uniques et enfants élevés en fratrie.
Destinés à dresser leur profil psycho-social, tous se livrèrent à des jeux de rôle, avec un partenaire, un peu d’argent, et la liberté d’affronter la situation seul ou en binôme.
Le bilan fut instructif. Aux résultats des tests (jeu du dictateur, jeu de confiance, jeu de risque et compétition), il fut possible de retrouver le groupe de chaque jeune. Surtout, tous les stéréotypes sur l’enfant unique se retrouvèrent validés.
Moins généreux que celui élevé en fratrie, l’enfant unique n’a donné que 40% de son argent, contre 43% pour les autres.
Plus méfiant, il n’a confié que 46% de ses avoirs au partenaire (contre 50%), et ne lui a rendu que 30% (contre 35%) de ce que l’autre lui avait confié – faute d’avoir suffisamment confiance en l’autre, qu’il se montre à terme aussi généreux que lui.
Moins prônes au risque, seuls 44% acceptèrent de se mesurer à autrui en mathématiques (contre 52%), et à pile ou face, seuls 58% acceptèrent de jouer le triplement des gains contre la perte de leurs avoirs (contre 66% au fils de fratrie).
Enfin, un test de personnalité en 44 questions permit d’identifier chez ces petits empereurs un retard en diverses vertus sociales : moins spontanés, moins ouverts d’esprit, moins agréables et extravertis, et par contre davantage prédisposés à la névrose et au pessimisme.
En général, ils se montrent aussi plus indifférents aux misères des autres, ce qui amènera plus d’exclus et de désirs de revanche. De fait, les divorces de jeunes, en hausse de 13% en 2012 dans Pékin, sont attribués à une capacité moindre au compromis, garçons comme filles.
Trop couvés par leurs parents, les enfants uniques sont 23% de moins à accepter des métiers à risque comme entrepreneurs ou investisseurs. Aussi pour les auteurs de l’enquête, ils sont perdants, et leur société avec, car ils sont les preneurs de décisions des 30 à 40 années à venir, et leur profil psychologique peut compromettre l’expansion du pays.
De tout cela, les chercheurs concluent qu’il faut abandonner en urgence le planning. Sans même tenir compte de l’autre lourd déficit du système : les 32 millions de garçons contraints au célibat, suite à des décennies d’avortement sélectif féminin (118 naissances pour 100 filles).
Malheureusement, le gouvernement ne semble pas partager la vision des universitaires étrangers : le 16/01, Wang Xia, la ministre de la Population, réitérait que le planning était encore « là pour longtemps », en aucun cas à supprimer dans l’année, tout au plus à affiner. Il faut dire que cette administration qu’est le Planning familial (6 millions de cadres), jouit des privilèges de sa fonction : des amendes qu’elle prélève, pour infraction à sa règle !
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Jean
21 janvier 2013 à 04:14Et voilà ce qui arrive quand la ‘planification du planning familial’ est laissée aux mains de fonctionnaires dont le seul horizon est de remplir des formulaires administratifs. En ce qui concerne les 32 millions de mâles destinés au célibat, il n’y a plus qu’à leur offrir un emploi d’eunuques dans l’administration… Le résultat sera – en une génération – la disparition de la sangsue administrative bureaucratique qui sera remplacée par des technocrates un peu moins aveugles que leurs prédecesseurs. Et les poules pourront rentrer au poulailler.