L’administration chinoise de l’ hygiène promet de récompenser jusqu’à 300.000 ¥ (36.000 €) toute dénonciation véridique d’une fraude alimentaire. Une mesure qui exprime le désarroi du régime. L’affaire du lait à la mélamine en 2008, avait affecté 300.000 nourrissons : chargée du dossier, Wu Yi, la vice– 1er ministre, avait promis un changement radical.
Mais depuis, la promesse s’est avérée vaine, surtout du fait d’une croissance hyperbolique de la production et de la consommation : rien que de 2004 à 2008, le panier de la ménagère avait quasi doublé, à 800 milliards ¥. Fin décembre 2012 encore, la CCTV dénonçait du poulet aux hormones et aux antibiotiques chez KFC et McDonald’s. Même si les tests menés ensuite n’ont pas été conclusifs, ces soupçons entretiennent chez le consommateur une certaine déprime. Mais l’appel à la délation est-il la réponse ?
[1] La production et la distribution sont atomisées en millions de PME, aux côtés de quelques dizaines de gros acteurs, surtout étrangers, qui sont la cible naturelle des dénonciations, quoiqu’ils aient le plus les moyens et la volonté de respecter les lois.
[2] La délation est aussi l’outil de l’ICAC, (Independent Commission against corruption l’instrument anti-fraude de Hong Kong, qui marche très bien. Mais l’ICAC compte aussi sur la confiance citoyenne dans l’Etat de droit, absente en Chine.
[3] Manque aussi, pour fonctionner, la garantie d’impunité au délateur. Laquelle, en un pays si grand et si morcelé, apparaît plus qu’improbable.
Sommaire N° 3