Petit Peuple : Nanyang : la cavale de Hu Xiaojiang, otage grand seigneur – 1ère partie

Quand un play-boy débarque à Xi’an en chemise de soie et costume Hugo Boss impeccables, en BMW série 4 noire rutilante immatriculée à Canton, il ne passe pas inaperçu. Surtout quand il se montre le soir du 12 août à la terrasse du Diaoyutai, un des cafés en vogue dans le quartier chic de la vieille ville, à deux pas de la Pagode de l’Oie qui, à cette ca-pitale du Shaanxi, est le rendez-vous incontournable des touristes et des fashion victims.

Hu Xiaojiang n’était pas là en villégiature, mais en service commandé. En périple commercial à travers cette Chine du Centre, pour le compte de son père, il prospectait des clients pour son petit empire commercial. Ce qui ne l’empêchait certes pas, une fois le job achevé, de s’habiller avec recherche, pour visiter les bars aux jolies filles. Il faut bien que jeunesse se passe, Hu ne comptant que 28 printemps.

Cependant pour Wang, Jiang et Ma, trois petits malfrats qui hantaient les parages depuis l’aube en quête d’un pigeon à détrousser, ce fils à papa apparut la proie rêvée, la chance irrésistible que leur accordaient les Dieux – comme s’ils avaient voulu leur envoyer un sac d’or, le genre de chan-ce qui n’advient d’habitude que dans les comptes de fées. Il faut dire qu’à l’instar d’un nombre de gens dans leur profession, nos trois larrons étaient assez superstitieux. 

Aussi, voyant Hu sortir de sa luxueuse berline et marcher vers le bar, ils se regardèrent, clignèrent de l’œil : c’était bien la cible du traquenard qu’ils ourdissaient depuis des mois !
Quand Hu sortit du pub et appuyant sur sa clé, débloqua la portière, les bandits qui s’étaient faufilés derrière lui, bondirent. Deux le prirent aux bras. Lui mettant un couteau à cran d’arrêt sous la gorge, le 3ème l’avertit bien vite de ne pas crier sous peine de se voir tailler un sourire jusqu’aux oreilles. Lui confisquant son trousseau de clés, ils le forcèrent à passer à l’arrière, deux malfrats l’encadrant, tandis que l’autre prenait le volant.
Toute l’affaire n’avait duré que quelques secondes, et tandis que la BMW démarrait sans précipitation, les conjurés le fouillèrent lestement, l’allégèrent de son portefeuille, en extrayant la carte bancaire. Une menace, une légère pression de la lame sur la carotide suffirent à lui faire avouer son « mima » (密码, code secret). Au prochain distributeur de bil-lets dans la rue voisine, ils se mirent en devoir de siphonner le compte de leur prisonnier.

C’est alors qu’ils eurent leur 1ère déconvenue, prouvant qu’ils n’avaient qu’une connaissance bien approximative du système bancaire de leur pays : l’homme parti effectuer la ponction ne put prélever que le maximum autorisé, 2500 yuans. Il revint, tempêtant qu’on se fichait d’eux, se retenant de flanquer une gifle à leur client, pour se passer les nerfs. Car pour ce vol avec violence, s’ils se faisaient attraper, ils savaient qu’ils en prendraient bien pour cinq ans. Aussi cette poignée de billets roses était bien maigre pitance, loin de récompenser le risque encouru.
Même en ajoutant la voiture, dont le receleur donnerait au mieux la moitié de sa valeur, le compte n’y était pas.
Aussi sur le champ, les bandits décidèrent de passer au « plan B » si souvent évoqué entre eux dans leurs soirées de beuveries, le coup du siècle, la reine de l’arnaque : avec l’otage et la bagnole, on allait décamper !

Pour éviter la traque policière qui ne pouvait manquer de suivre, les barrages sur les routes et tout le tintouin, il fallait brouiller les pistes en changeant de province.
Ils partirent donc pour Nanyang (Henan) d’où l’un des larrons était originaire. De là-bas, en sécurité à 1 200 km, ils adresseraient en toute quiétude une demande de rançon exorbitante, que la famille du jeune plein aux as n’aurait aucune difficulté à verser.

Quand ils furent sur l’autoroute, Hu qui conservait sur sa gorge la lame, sentit encore longtemps la panique, les battements désordonnés de son cœur.

De ce traquenard aussi magistralement programmé, comment allait-il s’en tirer ? Il se voyait déjà « au bord de la tombe », ce qui en chinois, se dit : « comme le poisson qui nage dans la marmite », (yú yóu fǔ zhōng, 鱼游釜中).
Mais il lui restait, sa foi inébranlable en sa bonne étoile, pour veiller sur lui…

Quel destin attend notre héros ? Saura-t-il s’en sortir indemne ? Vous le découvrirez en lisant la suite de l’aventure de Hu Xiaojiang,
au prochain numéro !

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  1. Jean

    Je suis en train de ronger les ongles de ma voisine d’impatience, m’étant rongé les miens en moins de temps qu’il faut à un tribunal chinois pour condamner à mort une centurie de démocrates! Quel suce-pinces, mon cher Tintin!

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