Joint-venture : Europe – Chine : Hache de guerre enterrée, ou pas?

Entre Europe et Chine, l’année avait débuté sous une tension grandissante au fil des mois. En juin, à l’initiative du Commissaire à la Concurrence K. de Gucht, Bruxelles avait imposé une taxe anti-dumping de 47,6% sur les panneaux solaires de 130 firmes chinoises, pour un marché de 21MM€ en 2012. En 3 ans, la Chine avait quadruplé ses usines de ces produits, dépassant en capacité la demande mondiale. 

Œil pour œil, Pékin répliquait à l’action des Etats membres par une enquête anti-dumping sur le vin, divisant ainsi les Européens : les grands industriels solaires étant en Allemagne et 55% des exports de vin de l’Union Européenne (140 millions de litres) étant français. Dès lors, les commandes chinoises chutaient en France, de 9% de janvier à juin (à 280M$), tandis que celles d’Australie et des USA, d’Espagne et d’ltalie pétillaient à +30%.

Ayant plus à perdre que d’autres en terme d’échanges et d’investissements, Berlin et Londres étaient hostiles à un conflit commercial—comme la majorité des 27 pays. Aussi l’accord fut obtenu sans peine durant l’été : d’ici 2015, la Chine s’engage à respecter des prix minima de 0,56€ le watt installé, contre 0,45€ précédemment, ainsi qu’un quota d’export de 7 GW/an. Les industriels chinois poussèrent un soupir de soulagement, après s’être « attendus à pire ».
Quant aux experts européens, ils estimèrent le deal largement favorable à la partie chinoise, lui permettant de sauver l’essentiel de ses marchés (grâce au quota très élevé), tandis que le prix pénaliserait les exploitants européens de grands ouvrages solaires, ceux-ci cessant d’être rentables au dessus de 0,50€. 

C’est à ce prix que l’enquête vinicole chinoise fut passée à la trappe, et que divers projets européens mûrs, à l’étude depuis des mois furent approuvés, comme la JV Renault-Dongfeng à Wuhan qui doit produire dès 2015 quelques 150.000 voitures, berlines et 4×4.
De même, Daimler annonçait un investissement de 2 milliards d’€ pour une nouvelle usine pékinoise avec son partenaire BAIC, qui sera la plus grande du groupe au monde, lui permettant de doubler sa capacité à 200.000 Mercedes-Benz en 2015, tout en poussant la part de pièces locales de 50 à 66%. Il s’agit, pour le groupe de Mannheim, de combler son retard sur Audi et sur BMW qui ont déjà franchi en Chine la barre des 300.000 ventes annuelles, le reste des ventes de Daimler en Chine étant assuré par l’importation. 

D’autres groupes français poursuivent eux aussi leur expansion planifiée, comme Air Liquide qui promet 300M€ d’ici 2020 pour doubler sa production de gaz divers dans le pays, à travers son programme Tengfei II. Ou comme L’Oréal qui s’apprête à finaliser son rachat de Magic Holdings, le producteur des masques faciaux, pour 843M$. Un achat local qui lui permettra de contourner une contradiction majeure en Chine : l’Europe interdit mais la Chine impose aux nouveaux produits cos-métiques un test sur des animaux (impliquant la vivisection)… 
Mais attention, rien ne dit que l’embellie euro-chinoise puisse durer : à Bruxelles, le commissaire de Gucht annonce qu’il a « la preuve » de financements publics aux panneaux solaires chinois, incompatibles avec l’OMC. Ce qui pourrait suffire à faire capoter l’accord de cet été qui doit encore être avalisé par les 28 membres en décembre. Pour conclure, entre Européens et Chinois, on marche sur des œufs…

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