La chance de Colisée Patrimoine Group est sa nationalité, qui lui sert ici de carte de visite. Admiré à Pékin, le modèle français de gestion du troisième âge y fait référence. Sur cette réputation, en deux ans, ce n°5 français de l’accueil des personnes âgées (180M€ de CA prévus en 2013), a pu lancer cinq accords (« joint ventures ») gériatriques à Chengdu et Kunming, Harbin, Shanghai et Shekou (Shenzhen), pour un total de 25.000 lits prévus (dont 10.000 en un seul projet). Pour éviter de de faire cavalier seul, Colisée choisit des partenaires aux reins solides, tels le groupe d’Etat CITIC.
En Chine, Yin Weimin, ministre des Ressources humaines et de la Sécurité Sociale, veut garder 90% des personnes âgées à domicile, en accueillir 7% en centres d’accueil de jour et les 3% les plus diminués en centres gériatriques 24h/24.
Patrick Teycheney, le PDG de Colisée Patrimoine Group, veut jouer sur les trois tableaux.
Pour le domicile, l’Etat réserve en toute nouvelle ville un quota d’appartements « évolutifs » destinés à aider l’habitant à surmonter sa perte d’autonomie. Colisée propose alors son savoir-faire pour ces logis spéciaux à portes larges, douches sans marche, évitant toutes les causes d’accidents potentiels, et multipliant la domotique pour climatiser, soigner et surveiller si nécessaire. Le service inclut la restauration à domicile, les soins et le nettoyage du logement.
Dans les centres d’accueil de jour et d’accueil permanent, la décoration (peintures, tentures, mobilier) est confiée à des experts, les couleurs ayant un effet démontré de frein à l’Alzheimer, aux problèmes cognitifs et de démence sénile.
Une fois ces projets opérationnels, à partir de la fin 2013, la gestion des soins sera effectuée sur place, suivie en temps réel depuis le QG chinois à Shanghai. Aussi, pour accepter le management d’un système aussi complexe, Colisée Patrimoine exige d’être l’auteur du design afin de pouvoir éviter les fautes qui sont monnaie courante parmi les projets « gériatriques » de source locale. Sur les cinq projets, le design est assuré conjointement par les architectes français et chinois du groupe.
Ainsi, par expérience accumulée, Colisée Patrimoine Group se fait fort d’assurer un management sans faille.
Dans son approche de la Chine, Colisée Patrimoine Group s’est vite attaché à conclure des contrats de formation d’aides-soignants, en pénurie sur un marché qui en nécessiterait 10 millions de plus. Aussi entre les facultés de Pékin et Shanghai, le groupe complète la formation de dizaines de jeunes étudiants, futurs employés, par un stage de 10 jours suivi de l’obtention d’un diplôme.
Le monde médical chinois subit des pressions qui nécessitent l’intervention dans les hôpitaux d’un corps de vigiles, pour contenir émeutes et agressions à chaque « pépin ».
Problème moral : à l’échelle chinoise, le coût de l’hébergement médicalisé reste élevé, de 7000 à 16.000¥/mois. Toutefois dès aujourd’hui, dit P. Teycheney, 25% des Chinois (350 millions) pourraient s’offrir ce type de service. Colisée candidate aussi sur d’autres appels d’offre de l’Etat, comme ces six centres publics projetés à Chengdu, qui ne coûteront que 1200¥/mois.
A ce stade, vu la complexité à assurer de front tous les métiers du centre gériatrique (de l’hôtellerie au paramédical, en passant par l’organisation de loisirs), Colisée se prépare à la mise en activité de ses centres.
Mais Pascal Brunelet, patron de la branche chinoise, n’a guère de doute sur la réussite du projet : « si nous pouvons apporter les réponses et les services qui correspondent aux attentes, il se passera peu de temps avant que nous ne puissions plus faire face à la demande ».
Sommaire N° 27-28