Pour la santé de ses seniors, en 10 ans l’Etat a étendu la sécurité sociale à presque tous les citoyens (92% en ville, 94% au village). Mais en cas de maux sérieux, pour 15% des vieux citadins (39% des ruraux), les frais d’hôpital dépassent 50% de leur revenu annuel, ce qui les ruine.
La retraite n’arrange rien, à 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes, pour ne leur laisser qu’une pension famélique. Aussi le système n’est respecté qu’en ville où, à 65 ans, 80% sont au repos tandis qu’au village, à 80 ans, ils sont toujours 4 sur 5 à travailler.
En plus, la santé est moins bonne en Chine qu’en Occident. L’enquête CHARLS estime à 100 millions les vieillards souffrant d’hypertension (cholestérol…), soit plus de 50% de la tranche d’âge, dont 40% ne se soignent pas, faute d’en être conscients.
Surprise, contrairement à la tendance mondiale, les femmes âgées se portent moins bien : 59% font de l’hypertension (contre 49% des hommes), 47% sont dépressives (32%), 28% sont en dépendance pour les soins rapprochés (20% ), et 39% souffrent de douleurs constantes (24%). Elles sont aussi plus souvent sujettes à des troubles cognitifs (2,73 mots rappelés sur 10, contre 3,09 à leurs compagnons).
En fait, un tel bilan de santé chinois n’est pas si insolite : « il est typique d’une société juste passée à l’ère moderne et rappelle la manière dont on vieillissait en Europe il y a 50 ans », commente cet expert.
Treize ans après avoir franchi le seuil démographique du vieillissement, la Chine s’éveille. Désormais, l’Etat se voudra « garant en dernière instance », offrant en plus de l’habit et du couvert qu’il garantissait jusqu’alors, un toit, les soins médicaux et une sépulture, le tout en service intégré.
De son côté, le 1er ministre Li Keqiang vient d’annoncer (16/08) une loi imminente pour un nouveau cadre de la vieillesse, destiné à accélérer l’arrivée d’une industrie compétitive car vu l’immensité de la tâche, il est impossible à l’Etat de se reposer sur lui seul. Tout en attirant le privé, l’Etat veut fusionner les agences existantes en des centres régionaux du 3ème âge.
Les 500.000 ONG du pays devraient aussi jouer leur rôle et obtenir soutiens et subventions – elles viennent déjà de recevoir cet été un nouvel enregistrement qui accélérera leur accès à une existence légale.
Enfin, dans ce nouveau cadre, l’étranger sera courtisé, encouragé à investir bénéficiant d’une simplification des procédures et d’autres grâces fiscales. En matière de gériatrie, son avance sur la Chine est telle que sans son aide, Pékin ne peut espérer atteindre son objectif d’ici 2015 de 30 lits d’hospice par 1000 personnes âgées, contre 21,5 à présent.
Parmi les candidats à ce marché d’avenir, figurent déjà quelques groupes précurseurs, tels le Singapourien IHC et les Français Orpea Group et Colisée Patrimoine Group (cf. notre article dans ce numéro).
Sommaire N° 27-28