Depuis octobre 2012, la Chine attendait le procès de Bo Xilai, un des fils de l’aristocratie rouge, beau parleur, administrateur surdoué du Liaoning, puis de Chongqing. Alors, il était tombé suite à l’assassinat d’un Britannique par son épouse Gu Kaikai, et à la cavale de Wang Lijun, son chef de la police, réfugié au consulat des Etats-Unis à 350 km… C’était notoire, Pékin redoutait cet homme aux ambitions sans limites. Aussi, tous s’attendaient à une parodie judiciaire à huis clos, expédiée en quelques heures. Le procès se tenait à Jinan (Shandong), en plein été : quel meilleure moyen d’enterrer l’affaire ?
Or, à la surprise générale, on assista au procès le plus transparent depuis la révolution de 1949. La presse n’était pas admise, mais les débats étaient retransmis en live sur Weibo et 30 témoins étaient cités. Surtout, on trouva un Bo Xilai survolté, amaigri mais fougueux comme jamais, qui se défendit bec et ongles.
La veille de son expulsion du Bureau Politique (15/03/2012), Bo Xilai était accusé à mots couverts par Wen Jiabao, 1er ministre, de menées séditieuses – avec d’autres leaders historiques tel Zhou Yongkang, il aurait visé le pouvoir par des voies non constitutionnelles. Mais dans sa riposte, Xi Jinping et son équipe, tout en parant ce danger, voulaient aussi rassembler pour faire passer leur réforme, et éviter le choc des clans (réforme et conservateurs). C’est pourquoi au procès, les chefs d’inculpation se limitèrent à la corruption, évitant tout motif politique.
Les proches de Bo, Gu Kailai et Wang Lijun vinrent à la barre -ou en vidéo- soutenir les accusations du procureur. Bo dépeignit Gu comme « folle mentant comme elle respire », et Wang comme « âme vile, du genre à raconter des bobards ». Afin de les disqualifier comme accusateurs, il suggéra même qu’ils étaient liés comme « peinture et colle » (« cul et chemise »). Quant à ses aveux signés, ils auraient été obtenus sous la contrainte, donc nuls…
Le procès n’en dévoila pas moins, à la Chine entière, les amantes de Bo, la cour qu’il entretenait, les cadeaux qu’il se faisait offrir à lui et aux siens, voyages en Afrique, villa sur la Côte d’Azur, sociétés écran… Par contre, Bo obtint de l’opinion un succès d’estime pour son panache, et le soutien que vinrent lui apporter sa 1ère femme et son fils.
Enfin, voyant lucidement sa cause désespérée, Bo Xilai accusa la cour d’« arbitraire et de partialité », lui déniant le droit de le juger. Le procureur lui, conclut à des faits reprochés « extrêmement graves » et à l’impossibilité pour la cour de recourir à la clémence vu « l’attitude non-coopérative » de l’accusé. Le procès a été très suivi par des millions d’intellectuels, juristes et journalistes, stupéfaits par la tournure des événements.
A peine le procès terminé, comme dans une partition musicale bien réglée, le Bureau Politique se réunissait (27/08) pour annoncer un Plenum du Comité Central en novembre, qui décidera d’orientations nouvelles pour l’administration et l’économie. Un mot d’ordre l’accompagne : « la réforme continue – elle ne s’arrêtera plus ».
En même temps, débutait l’enquête contre Zhou Yongkang et toute une vague d’hommes de son clan – une page se tourne…Bo Xilai attend son verdict, sous peu. Celui-ci peut aller d’une dizaine d’années de prison à la peine capitale. A en croire la dernière rumeur, des cadres de haut niveau souhaitent la fermeté extrême, par peur, s’il parvenait à sortir, de sa vengeance !
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Jean
2 septembre 2013 à 09:42Le Parti est accroupi sur le Bo. Plus il prend racine, plus les relents empestent l’atmosphère. Il est temps de tirer la chasse.