Sécurité Alimentaire : Sécurité alimentaire – le point sur la table

Branle-bas de combat au Conseil d’Etat sur la question de la sécurité alimentaire. Un geste qui s’ajoute à celui sur la protection de l’environnement, et à celui de restriction du crédit à la Banque Populaire de Chine. Si l’on ajoute à cette liste le lancement de la campagne de Xi Jinping (18/06) sur la « ligne de masse » des membres du Parti (une action anti-corruption qui pourrait aboutir à l’expulsion de membres, voire leur condamnation), et la mise en place du plan décennal d’urbanisation (prévu fin juin), on arrive alors à cinq initiatives majeures au même moment. Ce n’est sûrement pas dû au hasard, vu les réformes de fond à adopter lors du 3ème Plénum en novembre.

En sécurité alimentaire, le pouvoir semble vouloir crever l’abcès, en traquant impitoyablement dans la presse les derniers incidents de la chaîne alimentaire : 
– de la salmonelle au collège de Meishan (Sichuan, 13/06) – 386 enfants malades,
– 30 usines d’«œufs de 100 ans» (cf photo) fermées au Jiangxi (16/06) pour traitement au sulfate de cuivre,
– un gang démantelé à Chongqing (500 kg de faux miel saisis, contenant 187 mg d’aluminium au kg).

En 2009, le scandale du lait à la mélamine avait incité Pékin à faire adopter une « loi de la sécurité alimentaire ». Mais 4 ans plus tard, avec son franc-parler, Li Keqiang reproche aux ronds de cuir d’avoir couvert leur propre responsabilité, n’ayant pas supervisé les producteurs laitiers. Aussi d’ici décembre 2013, Li souhaite une nouvelle loi qui « supprime les zones d’ombres » réglementaires dans la chaîne alimentaire, et « faire payer aux délinquants un prix si élevé qu’ils ne puissent plus se le permettre ». C’est un langage nouveau, non plus idéologique mais « business », qui vise à passer à l’acte et regagner la confiance. Implicitement, il s’agit aussi de briser les ententes mafieuses qui finissent par forcer les producteurs honnêtes à s’aligner sur les pratiques des autres. 

Comme en environnement, Li mise sur les « techniques modernes » et sur la délation. Prise en exemple par le vice-1er ministre Wang Yang – l’apparent chef de file de la campagne – à Canton (son fief jusqu’en mars dernier), la China Food & Drugs Administration demande aux habitants, via Weibo, de lui rapporter des cas de fraude alimentaire. Parmi les pistes évoquées pour renforcer la future loi, figurent : la protection et la rétribution des dénonciations qui pourraient être reçues par un organe-tiers, indépendant (selon le modèle de l’ICAC de Hong Kong) ; une assurance obligatoire pour les producteurs ; l’information complète sur la traçabilité du produit. Les ventes en ligne de produits alimentaires figureront aussi dans le champ de la loi. 

Enfin, comme dans le dossier de l’environnement, juge et procureur suprêmes précisent (02/05) le statut juridique de diverses fraudes alimentaires. Sont considérés « graves » les cas de vendeurs d’animaux malades, d’aliments non conformes pour bébé. Sont jugés «  complices  » tous ceux qui ont aidé le producteur que ce soit en lui fournissant une licence, des fonds, de la publicité… Les coupables encourront une amende équivalente au « double du chiffre d’affaire » – ce qui peut être dissuasif – voire la prison ou la peine capitale, qui sera plus fréquente. On ne badine plus !

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