Sécurité Alimentaire : Nouveau scandale alimentaire : du vison et du rat pour du mouton

Ultime scandale alimentaire à Shanghai. Depuis 2010, un gang de Wuxi (Jiangsu) désossait visons, renards et rats : additionnée d’amarante, de gélatine et de nitrate, la viande était vendue congelée, passant pour du mouton. Depuis janvier 2013, la police a arrêté discrètement 902 de ces faussaires. Puis à Shanghai, l’affaire explose : 63 arrestations, 10 tonnes saisies, des dizaines d’étals fermés sur les marchés, plus d’1 million € de chiffre d’affaires. 

L’indignation bat son plein, parfois déguisée en boutade : « combien de rats, de visons faut-il pour faire un gigot ? », demande cet internaute mi-figue mi-raisin.
Déjà frappés par la vague de grippe aviaire qui a fait disparaître des menus la volaille, les restaurants, voient fuir le client : Yum (USA) communique que ses 45 restaurants « Petit mouton » spécialistes en menus de marmite mongole, s’approvisionnent en viande directement chez l’éleveur… 

L’explosion du scandale semble résulter du choix délibéré de Pékin, décidé à nettoyer les écuries d’Augias. Depuis janvier, 382 cas « majeurs » sont débusqués, 325 gangs, 3576 faussaires en prison et 1712 échoppes ou officines fermées. 

Depuis novembre, le Président Xi Jinping pratique la tolérance zéro, après des années d’inaction avant lui. Au Parlement en mars, l’administration de la sécurité alimentaire a été refondue : les 12 organes qui se partageaient la tâche, étaient plus rivaux et en querelle, que complémentaires. Aujourd’hui, on a une Commission sous le contrôle direct du Premier ministre, qui coordonne trois ministères : l’Agriculture pour les produits frais, le Commerce pour les produits transformés, la Santé pour les normes. De même, la Cour Suprême amende (03/05) son code pénal pour frapper plus durement les faussaires de la malbouffe, et précise que les cas de vivres empoisonnés poursuivis en 2012 ont décuplé depuis 2010, à 861 cas, montrant une détermination crédible. 

A vrai dire, loin de se limiter à la seule viande, les scandales alimentaires sont généralisés en Chine, et la confiance est au plus bas. Le meilleur cadeau du moment, est une boite de lait en poudre produite Out of China. Cette semaine, l’Etat fait rappeler à travers le pays 23 stocks différents d’aliments pour bébés : trop de mercure dans le poisson du Pacifique. 

Dans le Hunan, le 06/05, 73 enfants sont hospitalisés aux salmonelles par le repas du réfectoire, et à Ningbo (Zhejiang), 28 clients d’un bistro à nouilles souffrent du même sort – le patron est arrêté. Sur les causes du phénomène, un faisceau complexe de racines se conjugue. La demande a explosé trop vite, en aliments toujours plus variés et carnés (d’où une croissance trop rapide et hors contrôle de la production). La production est aux mains de millions de PME incapables d’investir dans l’hygiène et la recherche, mal formées. Enfin, cette société paie le prix de l’absence de justice et de presse indépendantes, de l’ignorance des lois. 

Enfin, si le tandem Xi Jinping—Li Keqiang semble déterminé à saisir le taureau par les cornes, c’est qu’il croit que les scandales alimentaires sont une des deux causes potentielle de la chute du Parti Communiste en Chine (l’autre étant la corruption). Ils en sont si convaincus que le 08/05, le Conseil d’Etat tenait un second (très peu usuel) Conseil des ministres, notamment pour augmenter les aides aux élevages de bœuf et de mouton ! 

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  1. Jean

    Choix cornélien. Soit le tandem au pouvoir saisit le taureau par les cornes et sauve les c…du Parti, soit il saisit le taureau par les c… et se fait écorner par les « membres » du Parti. Pas étonnant qu’ils jouent serré en serrant courageusement les fesses le cul entre deux chaises.

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