Du 21 au 29 avril (en alternance biennale avec Pékin), le Salon de l’Auto de Shanghai, 15ème édition, semble se jouer de la crise. Avec ses 1 300 modèles, ses 2000 constructeurs de 18 pays et ses 800.000 visiteurs, il est devenu le premier mondial. C’est normal en un sens, le pays étant passé en 2011, premier producteur et premier acheteur. Avec 4,4 millions (+17,9%) de modèles achetés de janvier à mars, l’usager chinois confirme son histoire d’amour avec la voiture. D’ici décembre 2013, les professionnels s’attendent à 21 millions, pour une croissance affaiblie à 11%, mais qui reste la plus endiablée des cinq continents.
Parmi ces 1 300 modèles, comptent 111 sorties mondiales, dont 93 chinoises – les constructeurs étrangers ayant réservé la primeur de leurs sorties à leurs salons. Mais par leur créativité échevelée, leurs rivaux chinois font un effort désespéré pour les rattraper. Le seul argument du prix imbattable ne suffit plus au client chinois, qui ne rêve que d’importé.
Si les ventes de mars peuvent faire illusion, plaçant la première firme locale en 7ème place (Greatwall, 56.800 unités), le palmarès des meilleures ventes est cruel pour les marques chinoises, qui ne figurent pas parmi les 14 « premiers de la classe », la n°1 VW Lavida (38.334,+89,2%) et la n°14, Hyundai Elantra (14.749, -4,1%). Dans ce palmarès, VW place six modèles et General Motors quatre : ce sont les deux supergéants du marché chinois, trustant entre eux près de la moitié des ventes.
Idem, l’électrique peine à s’imposer. 91 modèles sont présentés, soit 7 % du salon, dont 56 étrangers. C’est peu. Ces voitures sont trop chères et pas assez autonomes (300 km max, pour BYD). Tout-électriques ou hybrides, elles n’ont inspiré que 12.791 ventes en 2012, malgré un lourd effort de subvention. On est loin des 500.000 planifiées par Pékin, qui a dû repousser à 2015 son objectif, et à 2020 pour les 5 millions.
Vu l’infernale pollution aérienne en Chine cette année, l’Etat semble décidé à changer la donne. Rien qu’à Pékin, d’ ici 2015, 16 milliards de $ iront dans la lutte anti-pollution et 50.000 stations de charge de voitures électriques seront installées. Certaines firmes telles BMW (avec ses i3 et i8) et Daimler en JV avec BYD (avec sa Denza) se préparent avec grand soin à cette avancée de la voiture électrique. Par contre, Toyota et GM, en Chine, ont jeté l’éponge – pour l’instant !
Côté style, les firmes hyper segmentent, comme pour être sûres d’offrir le bon choix à tous : 7 berlines chez BYD, 10 chez Chery, 9 chez Geely, 11 chez VW… sans que la différenciation soit bien convaincante. Au demeurant, la préférence générale va à ces berlines (rassurantes et confortables) et aux SUV sportifs et imposants. Par leurs volumes, ces voitures sont sensées imposer au regard le statut social de l’acheteur.
L’électronique s’invite dans l’habitacle : VW présente son iBeetle, offrant son aide à la navigation (GPS, avertisseur de danger, guide de marche arrière), ses jeux, kit mains libres… Le Qcloud en fait de même, première sortie de chez Qoros, la nouvelle et ambitieuse JV entre Chery et un groupe israélien. Qoros voit grand avec usine de 150.000 voitures, extensible à 450.000 unités – quand Renault ferraille toujours pour obtenir sa propre licence !
En photo, la Renault Twizy
Sommaire N° 16