Environnement : Comment arracher la Chine à l’enfer de poussière ?

Mars fut un mois cruel pour l’ environnement, record de smog en 52 ans. 

Sur Pékin, dioxyde d’azote et PM10 augmentèrent de 30%. Comme la plupart du pays, la capitale est en état d’alerte. Première cause de décès, le cancer a dépassé les maladies cardiovasculaires, dû aux microparticules (PM2,5). D’ici 2020, on atteindra 2,5 à 3 millions de décès par an. Dès 2010, ils étaient 1,2 million de Chinois (40% des cas mondiaux) à succomber. 

Depuis janvier, la descente aux enfers de l’air chinois maltraite les velléités écologiques du régime. 
Wang Anshun, maire de Pékin lance un plan anti-pollution doté de 16 milliards de $ sur trois ans, prévoyant de poser/restaurer 1.290km d’égouts, 5 centres d’incinération, 47 stations de retraitement des eaux usées, 20 centres de recyclage des matières solides. 

En avril 2013, selon Wang Chuanfu, PDG de BYD, l’Etat lancera un nouveau plan d’aide aux voitures électriques. 
Une taxe verte se prépare, avec la bourse des crédits carbones citée en édito. On parle même, pour soulager Pékin, ville de 20 millions d’habitants installée sur un désert, de déplacer les organes gouvernementaux vers Xinyang (Henan) : il y a 8 mois, 160 cadres de 20 ministères étaient sur place, pour étudier la faisabilité. 

Cependant, on reste loin du compte. À Pékin, 30% voire (selon les vents) 70% de la pollution vient du Hebei et du Shandong, qui grillent ensemble 700 millions de tonnes de charbon – plus que l’Allemagne ou l’Inde. Un fait aggravant est l’influence écrasante sur l’Etat des lobbies publics, parfois présidés par des fils de leaders. Ainsi depuis 2009, l’imposition des normes China diesel III, imposée par le Conseil d’Etat, est restée lettre morte. 

Résultat : les fumées de diesel (cancérigènes) sont 23 fois plus fortes que celles aux USA. De même, dans les comités techniques, des années durant, les pétroliers ont fait barrage à des normes plus strictes. De la sorte, China Dialogue calcule que le plan anti-pollution à Pékin n’atteindra les normes de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qu’en 2030. 

En fait, ce qui manque aux plans publics, dit la Deutsche Bank dans sa décapante étude juste publiée, est un changement du modèle de développement. Le ministère de l’Environnement veut diviser par deux en 2030 la moyenne nationale des PM2,5, à 35 particules. Pour y parvenir, il faudrait avancer à 2017 (au lieu de 2025 comme prévu) le passage du pic de consommation de houille. Sans réforme, la consommation passerait de 3,8 milliards de tonnes en 2012 à 6, voire 10 milliards de tonnes en 2030. 

La Deutsche Bank propose de réduire de moitié à 2%/an, la croissance attendue de cette consommation houillère, en comblant le manque en énergie par un influx de renouvelables. D’autres gains en baisses de CO2 viendraient de technologies du charbon propre, de meilleurs carburants et moteurs et d’un recul de la voiture au profit des transports en commun : de 90 millions en 2012, l’auto passerait à 250 millions en 2030, au lieu des 400 millions attendus, tandis que le métro quadruplerait à 8000km en 2020, le réseau ferroviaire montant de 60% à 140.000km. santé, 
Effort de titan, moyennant quoi, à en croire la Deutsche bank, la Chine sauverait en 20 ans son environnement, tout en conservant une croissance acceptable. Seul hic : cette stratégie suppose « une forte volonté de l’Etat de rejeter les pressions des lobbies ». Mais les auteurs de l’étude, Européens, n’envisagent pas de renoncer eux-mêmes à leur liberté automobile, dont ils jouissent déjà depuis un siècle, alors que les Chinois commencent à peine à y goûter ! Difficile à accepter…

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
14 de Votes
Publier un commentaire
  1. François

    Il y a un glissement un peu leste de « polluants » à « CO2 » . Le CO2 est -peut être- responsable d’effets de serre (en cours de preuve non encore strictement établie) mais ce n’est pas un polluant, sauf à des concentrations 500 fois supérieures aux concentrations les plus élevées que l’on connaisse. Il n’entraîne ni cancer, ni maladie cardiaque…

Ecrire un commentaire