Les «
BRICS » furent inventés en 2001 par un banquier de Goldman Sachs, associant cinq pays émergents de quatre continents : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Le concept plut tellement à leurs leaders qu’ils décidèrent de s’unir en « alternative » aux économies occidentales matures. Ces 26-27/03, leurs leaders Xi Jinping, V. Poutine, M. Singh, D. Rousseff et J. Zuma tenaient à Durban leur 5ème Sommet. Ils espéraient créer une banque de développement pour « remplacer les circuits financiers mondiaux périmés»-rien de moins.Au premier abord, le concept sonne bien. « Pesant » 43% de l’ humanité, ces pays affichent une croissance tapageuse, avec 4400milliards de $ de réserves en 2012 et 282 milliards de $ d’échanges (500 milliards de $ en 2015, dont 60% à la Chine), contre 27 milliards de $ en 2002. Sous-représentés dans un ordre éco-financier conçu par et pour les pays occidentaux, ils veulent s’ouvrir mutuellement leurs marchés et s’affranchir de l’inéquitable leadership de l’Ouest. Mais hélas, après 12 ans de palabres, le club se cherche encore.
A Durban, la « banque » est restée au fond des attaché-case : ni crédits, ni statuts n’ont été adoptés. Pourtant, elle eût été utile, pour fournir une partie des 4500 milliards de $ nécessaires d’ici 2017 en crédits d’infrastructures. Pour fonder un fonds commun de protection des devises, les BRICS ont eu plus de chance : 100 milliards de $ sont rassemblés, dont 41 d’origine chinoise.
Le problème de fond : les BRICS ont beaucoup plus de forces qui les divisent, que d’affinités naturelles. Certains sont autoritaires, d’autres démocratiques. Entre tous, les arrières pensées règnent. Même Zuma, quelques semaines plus tôt, soupçonnait Pékin d’abus de position dominante sur son pays, avant de se raviser avec l’imminence du sommet BRICS dans sa capitale. De même entre Chine et Russie, le voyage de Xi à Moscou, la semaine passée, n’a permis à s’entendre ni sur les prix des hydrocarbures russes promis à Pékin, ni sur les livraisons de 24 Sukhoi-35 et 4 sous-marins « Amur ».
Chaque « BRICS » est bien plus tourné vers Europe ou USA, que vers le club : ils n’échangent que 2,5% de leurs IDE, contre 40% investis en Europe et aux USA. Même la Malaisie investit plus en Afrique que la Chine (19 milliards de $, 3 de plus) ! Aussi, sans aller traiter les BRICS de chimère, il faut conclure que ces pays hétérogènes ont tout à faire, pour apprendre à vivre ensemble.
Cette entente ne peut cacher le déséquilibre d’ une Chine, aussi puissante que les 4 autres réunis : Xi a fort à faire pour convaincre l’Afrique de son altruisme et amitié tiers-mondiste, tout en dis-sipant le soupçon de n’en avoir qu’après ses ressources minières et ses voix à l’ONU, pour contrer les USA.
Son argument principal, réside dans sa faculté de dépenser sans compter. Sous 3 ans, Xi promet 20 milliards de $, 30.000 formations professionnelles, 18.000 places d’études dans ses universités, et offre beaucoup plus en aide bilatérale.
À l’Afrique du Sud, Xi vient de signer 5 milliards de $ pour refaire ses chemins de fer, offre un montant comparable pour un chantier naval à Richards Bay (pour le groupe Chery), et investit dans l’axe routier A2, devant relier le Caire au Cap. Enfin et surtout, son aide touche tous les domaines, santé et routes, usines, ports, et agriculture… Sur le continent noir, son potentiel d’aide est aujourd’hui le plus fort du monde !
Sommaire N° 12