Des Etats-Unis, une onde de choc jaillit contre la Chine le 19/02, quand
Mandiant, firme de cyber sécurité, accusa l’unité 61398 de l’APL, de vol de centaines de téraoctets des ordinateurs de 141 sociétés et organes de pays de l’Ouest. Mandiant rassemblait un faisceau de présomptions à partir des adresses IP et des horaires d’action : 8h à 24h, du lundi au vendredi. Quoique supposés être des hackers isolés, ces centaines, voire milliers d’employés travaillaient dans une tour de Datong Lu à Shanghai, et se reposaient le week-end. Ils avaient aussi un profil rare et traçable, spécialistes en informatique et anglophones. China Telecom aurait également équipé l’ unité 61398 (alias APT-1) de fibre optique dernier cri, pour « des besoins de sécurité nationale ». L’espionnage a duré des mois, voire jusqu’à 4 ans, permettant de dériver des données confidentielles de ministères, multinationales…L’accusation suscita de fortes réactions. Depuis, le Pentagone a créé un « Cyber Command », prêt à agir « contre d’autres nations, en cas d’une attaque majeure », dit son créateur le Général K. Alexander. Le 11/03, T. Donilon, Conseiller-sécurité d’Obama, déclare que les frappes chinoises ont dépassé le seuil critique : – Pékin est priée de reconnaître la gravité du problème, – prendre des mesures, - négocier un code de conduite acceptable. Obama lui-même, ose confirmer en interview que des entreprises piratant des intérêts américains sont « commissionnées par des puissances étrangères ».
Classiquement, la Chine réagit en niant de front, du ministère de la Défense à celui des Affaires étrangères. Les adresses IP ne constitueraient pas une preuve. Et même s’il y avait hacking, il n’y avait pas « espionnage », faute de normes légales. Puis Pékin se dit aussi victime de hackers : 144.000 cas par mois, dont deux tiers émanant des USA. Le Général Wang Hongguang, n°2 à la région de Nankin, traita les Etats-Unis de « voleur qui crie au voleur ».
Enfin le 12/03, Pékin saute le pas, admet l’existence d’un problème et se dit prêt à négocier. Non sans subtilité, il propose d’élargir le dialogue « dans un esprit de respect mutuel et de confiance », à l’ensemble de la communauté internationale, « pour maintenir la sécurité, l’ouverture et la paix » de l’internet. Pragmatisme ou duplicité ? En tout cas, l’offre arrive au bon moment. Depuis les années ‘90, les nations laissent croître un internet sans foi ni loi, laissant la partie belle au piratage. Voici l’occasion de normaliser, pour prévenir entre elles une série de guerres informatiques.
Par ailleurs, on constate un autre volet de l’action du régime sur l’internet : la cybercensure, créée de toutes pièces par Liu Yunshan il y a 10 ans. Une enquête récente de l’université de New Mexico évalue à 4200 le nombre des policiers filtrant Weibo, le twitter chinois, à l’aide d’un appareillage importé, très sophistiqué. Ils balayeraient en permanence 12% des messages. Depuis novembre, « la grande muraille de feu » s’en prend aux VPN, services permettant à des millions d’internautes d’obtenir des données non censurées. Le système chinois bloque chaque compte VPN et est capable d’apprendre automatiquement de sa surveillance. « Tout se passe comme si, dit cet expert, la Chine tentait de couper du monde l’internet chinois « .
En tout cas, le travail de Liu Yunshan, semble être apprécié « en haut » à sa juste valeur : au XVIII. Congrès en novembre, il a été promu à l’organe suprême du Comité Permanent, au poste de Li Changchun.
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