Diplomatie : La mer de Chine, bouillante et gelée

« Sur les îles Diaoyu-Senkaku, un clash avec le Japon est inévitable », prédit la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales) dans son rapport annuel. Ceci, en raison de :
– la montée en puissance économique chinoise, et surtout de
– la récente « nationalisation » de l’archipel par Tokyo, qui a « détruit l’équilibre juridique précédent, permettant à chaque Etat de maintenir le statu quo ». 

Entretemps, Chine et Japon ont changé de gouvernement : chacun s’observe, prépare ses prochains pas. Tokyo menace de poster des troupes sur les îlots –ce qui pourrait déclencher une guerre limitée. Il vient aussi de demander au panel «droit de la mer» de l’ONU d’ignorer la demande chinoise d’étendre son plateau continental, pour englober les îles. 

Ce conflit implique trois autres pays au moins – Vietnam, Taiwan, Brunei, et là aussi, des choses se passent. 

Le Luong Minh, diplomate vietnamien, est depuis le 01/01 le secrétaire général de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) – d’une ASEAN affaiblie par son immobilisme. En décembre, sa dernière tentative de signer avec la Chine un code de conduite, fut torpillée par le Cambodge pour le compte de Pékin, son « parrain » financier. 
D’ici mars, Le Luong Minh devrait pratiquer une politique attentiste : le temps de voir si Xi Jinping veut et peut conclure ces négociations, moyennant une douloureuse révision de sa position. Le passe pour un homme prudent, et de coulisse—capable de compromis. Sa réussite serait un « Win-Win » universel (pour le Vietnam, d’autres comme es Philippines, la Chine, et l’ASEAN, qui prouverait enfin des valeurs d’utilité et de courage politique). Mais sa marge est mince: son seul atout, l’accès au marché de l’ASEAN, est déjà engrangé par la Chine…
D’autres pays tentent de trouver la paix par voie bilatérale. Japon et Taiwan négocient un traité de pêche, et Ma Ying-jeou, le leader taiwanais croit qu’un tel pacte pourrait inciter Pékin à se joindre au tapis vert, ce qu’il refuse à présent.

À mi-voix, Ma Ying-jeou dénonce aussi, le passeport chinois qui intègre depuis mai comme photos touristiques toutes ses revendications territoriales : sur Taiwan, sur une province indienne et sur cette mer. D’un revers de main, Pékin avait balayé ses 1ères protestations comme « invalides ». Mais la population insulaire manifeste, et Ma est contraint de hausser le ton : « L’incident ne choque pas ici qu’un petit groupe (de patriotes). Si la Chine ne le comprend pas, les relations en pâtiront ».
NB : Vietnam et Inde aussi ont protesté, et répliquent par l’imposition dans ces passeports, d’une autre carte, rectifiée. 

Enfin, au Laos, la Chine s’apprête à bâtir un TGV Kunming-Vientiane
Pour 400km à travers un territoire accidenté, il en coûtera 7 milliards de $, à charge du Laos – quasi un an de son PIB. 

Pékin prêtera l’argent et des décennies durant, se remboursera en livraisons de potasse et minerai de cuivre. L’essentiel des profits de la liaison sera pour la Chine, qui héritera à terme du marché thaï (Bangkok), et d’un axe vers un port birman, évitant Malacca, ses pirates et son risque de blocus militaire. Selon UNDP (United Nations Development Program) qui a évalué le projet, « sous ces conditions, ce sera pour le Laos une erreur très coûteuse » – mais le projet est aussi cher au pro-chinois vice – 1er ministre laotien, S. Lengsavat… 

On le note, de tous ces dossiers se dégage une constante. La Chine a franchi la phase de l’affirmation de soi. Il lui reste à vivre celle des négociations d’égal à égal, de l’écoute de l’intérêt d’autrui.

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