Une semaine avant le Plenum, le ministère de la Santé profitait du moment pour faire entendre sa voix.
En 15 ans depuis 1996, les nouveau-nés avec malformation congénitale ont augmenté de 70%. Ce sont 4 à 6% des naissances contre 0,68%aux USA – taux comparable à celui de l’Europe. Sur le 1 million par an de becs de lièvre, cerveaux, coeurs mal formés, hydrocéphales, 30% seront soignés, 30% périront, 40% devront vivre avec leur handicap.
1ère cause : la suppression en 2003 des tests prénuptiaux obligatoires. Depuis, le ministère a pu faire remonter la participation, de 2,9% en 2005 à 31% en 2010. Autres facteurs : alcool, tabagie, stress, et toujours plus, la pollution, aujourd’hui au banc des accusés.
Guangxi, Guangdong et Henan comptent 500 enfants victimes de botulisme (plomb dans le sang, contaminé par l’air et l’eau). À Shanghai-Kangqiao, 49 mômes de 1 à 3 ans ont été dépistés en septembre. Le 25/02, la mairie de quartier dénonça 3 groupes, Xinmingyuan (pièces auto), Kangshuo (recycleur), et Johnson Controls, géant américain de batteries. Kangshuo, le plus coupable qui avait déjà évacué le site, reçoit l’ordre de le nettoyer. Xinmingyuan et Johnson sont fermés – ce dernier proteste de son innocence, affirmant avoir été innocenté par une étude indépendante de la CEEIA ( China Electrical Equipment Industry Association).
Le pouvoir tente de montrer qu’il agit contre la pollution de l’air.
Le 29/02, il adopte sa nouvelle norme pour les microparticules PM2.5 (les plus dangereuses), avec un plafond de 35 µg/m3 obligatoire en ville d’ici 2030 – à ce jour, 80% des villes demeurent incapables de s’y conformer. Il impose aussi de publier d’ici 2016 leur densité quotidienne. Mais Du Shaozhong,ex-chef du Bureau pékinois de l’Environnement vient gâcher l’instant en affirmant que Pékin n’atteindra jamais la norme à temps, « sauf miracle » !
L’Etat renforce aussi (27/02) l’objectif quinquennal de baisse d’intensité d’émission de CO2, de -18 à -21%. Mais l’objectif reste accessible sans effort spécial, par le simple renouvellement du parc productif. La nation ne gagne pas sa course à l’efficacité énergétique: le but est -16% d’usage par point de PIB, mais en guise de baisse, l’année 2011 a vu… + 7%.
Un autre front est l’économie d’eau. Pékin annonce la fermeture de 800 puits au centre de Pékin pour 2014, dès l’ouverture du canal Sud/Nord. Il est temps : en dix ans, la table aquifère de la capitale a perdu 12m (descendant à 24m), et par endroit, le niveau du sol a baissé de 90cm, endommageant tuyaux et tunnels.
Par ailleurs, deux projets de barrage sur le Yangtzé inquiètent :
[1] l’Etat propose un ouvrage à 1,6milliard de $ à hauteur du lac Poyang (Jiangxi), pour le sauver de disparition. Mais les environnementalistes craignent un désastre de pollution irrattrapable.
[2] À 40km en amont de Chongqing, la mairie presse le lancement du chantier de Xiaonanhai, qui produirait 1,68GW/an. Les biologistes y entendent le glas d’une biodiversité exceptionnelle du haut-Yangtzé. Cette accélération aurait à voir avec la situation précaire de Bo Xilai, le « roi » de cette métropole.
Mais en définitive, ces projets suggèrent aussi que face à l’enjeu lointain du patrimoine naturel, la Chine des cadres de province reste aveuglément fidèle aux profits à court terme des méga-chantiers.
Sommaire N° 8