Avec son théâtre, la crise aurait pu être une simple dispute, si ce n’était au Soudan qu’elle éclate, au sortir d’une guerre civile et de la partition en deux Etats – le Sud gardant 70% du pétrole. Les accords prévoyaient que Khartoum (Nord) laisse sortir le pétrole de Juba (Sud) via ses oléoducs. Mais par discorde sur le montant du péage, il en a confisqué pour 0,8MM$, et Juba a fermé le robinet. Puis le 19/02, il a expulsé Liu Yingcai, PDG de Petrodar (le consortium sino-malais), accusé de complicité.
Or le geste lèse tout le monde, Juba compris : par les deux-tiers des 350.000b/j produits au Sud, Petrodar paie 98% du budget du jeune Etat, et avec 46% des parts (CNPC+ Sinopec), la Chine est majoritaire au consortium … Mais Juba semble sûr que Liu, issu de la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, qui a de gros intérêts au Nord, a « pactisé avec l’ennemi ». Il soupçonne aussi la CNPC (malgré ses démentis) de vouloir soutenir un projet de nouveau pipeline nordiste pour détourner 120.000 b/j de « son » pétrole…
Coincé, Khartoum dépêche son ministre des Affaires étrangères A. Karti à Pékin (26-28/02) pour le prier de faire le médiateur, au nom de l’intérêt commun, et de «puissances étrangères manoeuvrant pour spolier Soudan-Nord et Chine de la manne du Sud».
Par son attitude, Pékin fait comprendre que l’enjeu ne lui échappe pas : Xi Jinping en personne a reçu Karti… En fait, l’accord est inévitable. Juba n’a d’autre choix que de trouver l’accommodement avec «la main qui le nourrit». La Chine va devoir faire ce à quoi elle excelle – aider les 2 parties à fixer un prix et des règle du jeu. Elle y a intérêt : 5% de son or noir en dépendent.
Sommaire N° 8