Après la 1ère entrée en bourse américaine de firmes chinoises vers 2000, des dizaines ont suivi – mais les fraudes aussi. Pourtant, l’inscription au New York Stock Exchange (NYSE), comme ailleurs, suppose un audit serré des actifs du candidat, sauf s’il rachète une firme dormante déjà listée. Comme le fit Puda, groupe charbonnier de Taiyuan (Shanxi), en 2005.
En septembre 2009, un certain Zhao Ming, 36 ans à l’époque, devint son Président en rachetant 90% des parts. Excellente affaire, sans doute téléphonée : dès octobre, le groupe recevait un gros contrat public pluriannuel. Puis Zhao transféra ces 90% à lui-même, dont il céda la moitié au groupe CITIC. Tout ceci, sans l’accord du Conseil d’Administration ni des actionnaires, et surtout sans rien notifier à la SEC, l’autorité américaine de tutelle. Pour faire la martingale, il lui suffit alors de vendre au NYSE les soi-disant 90% de parts de Puda. L’acheteur se rua, vu son marché et ses profits supputés. Puda empocha 115M$.
La fraude apparut 22 mois plus tard, provoquant la chute des parts de 17$ à 0,26$ aujourd’hui. Sans délai, Puda fut délisté. Puis il fallut six mois à la SEC pour annoncer (23/02) sa plainte en Cour Fédérale de New York contre Zhao Ming et Zhu Liping, l’ex-PDG. On sait maintenant que pour retarder l’éclatement de l’affaire, Zhu avait contrefait une lettre de la CITIC, prétendant n’avoir « nul intérêt » dans sa mine. Ce type de fraude très connue porte un nom en chinois classique : « 金蝉脱壳 (jīn chán tuō qià o) – « la cigale d’or fait sa mue » (n°21 du livre antique des « 36 Stratagèmes »).
Sommaire N° 7