Investissements : Emplettes chinoises d’actifs à l’Ouest : les murailles tombent

Une fois de plus, Huang Nubo, PDG du groupe Zhongkun, rate l’acquisition de 300km² de côte islandaise pour son projet d’hôtel de luxe. En 2011, Reykjavik refusait la vente par crainte que Pékin n’y ouvre un port sur l’imminente route arctique. En 2012, Huang voulait louer – l’Islande réclame cette fois « un dossier plus complet ». Furieux, le milliardaire l’accuse de « racisme ». Mais à vrai dire, on se demande si ce « niet » peut tenir, car le vent souffle pour la Chine, qui fait une razzia d’acquisitions-records dans des pays qui jusqu’alors lui fermaient la porte.

Aux Etats-Unis, un consortium chinois mené par la banque ICBC, rachète à l’assureur AIG pour 4,23 milliards de $, 80% de ILFC (avec option pour 90%), 1er leaseur mondial d’avions. Ce contrat dépasse le précédent record d’achat chinois aux USA (3 milliards $ de parts Blackstone en 2007). Le deal rebat les cartes du transport aérien. Avec 1000 avions leasés à 200 transporteurs, ILFC a la 1ère flotte de la planète. En Chine, elle en possède 175, placés dans 16 compagnies. Ses options chez Boeing et Airbus atteignent 200 appareils, 22% du carnet de commandes du consortium toulousain. De la sorte, le Parti se dote d’un impressionnant levier sur les deux géants avionneurs. Car face à leurs modèles d’avenir, ILFC est roi. Vu sa force de frappe d’achats en tir groupé, tout projet qu’il sabre est condamné. « Et si dans 10 ans, se demande cet expert, ILFC décidait de ne plus acheter que des avions chinois, ou bien retardait la conception des Airbus et Boeing de prochaine génération… » ? 

Autre rachat qui fera date : Ottawa vient d’accepter le rachat du pétrolier Nexen par Cnooc. 
Or en 2005, ce groupe off-shore essayait de reprendre le n°7 d’alors, Unocal, pour 18 milliards $. A l’époque, le Sénat avait bloqué l’achat, laissant Texaco remporter l’acquisition. Au Canada aussi, l’opinion était défavorable, à 58% : pour les mêmes raisons, à savoir :
– la méfiance envers un pays d’autre ethnie et culture, jugé par certains « potentiellement confrontationnel »,
– le souci de voir partir un des actifs les plus stratégiques du pays. Après 6 mois d’hésitation, Steven Harper, le 1er ministre donne son feu vert, par nécessité : pour développer son sable bitumineux, atout-clé au bien-être futur – le Canada cherche 650 milliards de CAN$ sous 10 ans, qu’il n’a pas. Il faut donc partager avec ceux qui ont aujourd’hui du crédit. Harper, au demeurant, s’empresse de préciser que c’est « la dernière fois » qu’il vend des actifs minéraliers aux conglomérats chinois, « sauf exception » – propos vagues et naïfs, comme pour rassurer l’opinion, ou lui-même, car cette cession est bel et bien un point de rupture. 

Enfin, le 12/12, l’Australien BHP Billiton, n°1 mondial de la mine, cède à la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, 1,73 milliard de $ de ses parts des gisements gaziers de Browse, sur la côte Nord-Ouest de son pays.

La Chine achète parce qu’elle a besoin impérieux de cette énergie. Le Canada et l’Australie vendent contre leur propre opinion, par besoin des financements chinois. C’est la rançon de la globalisation ! 


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