Monde de l'entreprise : Zhuhai Airshow – À l’ombre du Congrès

Troisième d’Asie, le 9ème Zhuhai Airshow (13-18/11) vit sa gloire ternie par l’absence à l’inauguration, des leaders bloqués à Pékin au XVIII. Congrès. Ce qui ne l’empêcha de briller avec ses 650 exposants, démontrant les rapides progrès de l’aéronautique locale. 20 modèles furent présentés par l’armée chinoise, dont l’hélicoptère de combat WZ-10, l’avion furtif J-31, ou le drone Wing Loong, petit frère (illégitime) du Predator américain. Équipement de classe MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), il peut transporter missiles ou charges civiles à 5 300m sur 4 000 km. Déjà dans le commerce, il traduit pour la Chine une avance sur la France, qui hésite à lancer son programme de R&D dans cette filière.

Les experts relèvent le talon d’Achille de cette jeune industrie : l’absence de réacteur compétitif, face au russe Saturn AL31FN et aux moteurs euro-US. Conscient du problème, Pékin « met le paquet » avec 1,6 milliards de $ pour mettre au point son moteur, sans lequel il n’y a pas d’indépendance aéronautique. Les résultats apparaitront sous 10 ans, parient les experts. 

Second souci, qui explique peut-être l’existence du premier : le clônage (piratage) entre groupes d’Etat rivaux. À Zhuhai, deux versions identiques du drone étaient offertes, par AVIC et la CASC. Mais la Chine a-t-elle les moyens et le marché pour cette duplication des efforts ?

On put voir par ailleurs les avancées (avec années de retard) des appareils civils de la Comac, l’ARJ-21 de 100 places en phase de certification et le C-919 de 168 à 190 places, devant voler en 2014. Le C-919 recevait 50 commandes, portant son carnet à 380 (dont 20 à General Electric, pour sa filiale de leasing, sans compter des négociations avec Ryanair et Ivag, filiale low-cost de British Airways). 

Pour Comac, « le seuil de rentabilité est atteint ». Plus intéressant, le groupe d’Etat renforce avec Bombardier sa coopération ouverte en mars (sur l’utilisation de technologies et standards communs), pour y intégrer les ventes.

Incontournables, Airbus et Boeing présentaient leurs plus récents modèles. Bonne nouvelle pour la filiale d’EADS, avec le gel par Bruxelles du plan communautaire de taxation du CO2 des transporteurs civils dans son espace aérien : l’enterrement provisoire du litige (pour un an) lui rendait l’espoir de voir débloquer d’importantes commandes chinoises, comme ces 10 A380 en souffrance, pour le groupe HNA (Hainan Airlines Company Ltd.), qui pourtant, ne semble plus si pressé d’acheter, citant de « faibles conditions de marché ».

Enfin, non des moindres, l’avion privé vrombissait à Zhuhai, où 1000 unités devaient être livrées de 2011 à 2015, en dépit de la pénurie en pilotes et en espace aérien toujours jalousement détenu par l’APL, l’armée chinoise. Cessna signait le 14/11 sa JV avec le groupe Caiga (Shijiazhuang), pour assembler et vendre divers modèles de ses jets d’affaire de la gamme Citation. Bell Helicopters, Sikorsky, Beechcraft ou l’américain Hexcel (matériaux composites) étaient là en force, ce dernier annonçant une usine à Tianjin… 

Décidément toujours plus, la Chine, en aviation, s’intègre au paysage mondial. 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire