Au sein des organes renouvelés du PCC, la femme reste la parente pauvre de toujours : les efforts sans conviction du Parti pour changer la donne, n’ont pu l’empêcher de rester sur la touche. Au XVIII. Congrès, elle représentait 23% des 2300 délégués. Au Comité Central, elle n’en fait que 5%. Au Politburo, elle double sa présence à deux membres sur 25 (Liu Yandong et Sun Chunlan). Au Comité Permanent, elle reste absente. Dans l’histoire du Parti, même Wu Yi, vice 1er ministre sous Jiang Zemin, n’a pu atteindre ce niveau suprême.
Pourquoi cet ostracisme ? Par rejet culturel, qui vient du fond des âges. Dès l’antiquité, la légende chante des femmes « renardes, vampires » aspirant la vertu ou la force de l’homme. Dans les années ‘70 Jiang Qing, compagne de Mao abusait de son pouvoir pour noyer ses ennemis et rivales. En 2012, Gu Kailai, l’épouse de Bo Xilai réveille la hantise envers la femme en politique, en empoisonnant un Britannique qui la gênait. La culture politique chinoise, admettent les experts, a bien quelque chose du club de « vieux copains » avec concours de libations (où la femme est biologiquement désavantagée par rapport au sexe « fort ») et brochettes de maitresses.
Quel est la place idoine de la femme ? Sans surprise la Fédération des Femmes, en son sondage de 2010, trouve que 62% des hommes et 55% des femmes, la préfèrent à la maison !
C’est d’ailleurs ce qu’ont fait Liu Yongqing, épouse de Hu Jintao, que l’on ne voit que lors de ses visites hors du pays, et Cheng Hong, moitié de Li Keqiang, 1er Ministre dès mars. Cheng pourtant mériterait sa place hors de l’ombre, étant écrivaine, anglophone parfaite, et l’une des meilleures expertes du naturalisme américain et de l’écrivain Henry Thoreau. Cela n’a pas empêché Cheng, dès que son mari a commencé à s’élever (au tournant du siècle), d’abandonner sa place de professeur dans une université pékinoise et même de refuser une place de doyenne de l’établissement.
Peng Liyuan, la seconde épouse de Xi Jinping, connaît le même sort, ayant depuis 2007, cessé de se montrer en public. Mais là, le « manque à gagner » est bien plus lourd : Peng était major général, star de la chanson dans l’APL, écoutée et adulée de centaines de millions de Chinois, avec des tubes patriotiques, tel « broder le drapeau rouge ». Son renom était tel, qu’elle fut plusieurs fois ambassadeur pour l’Organisation Mondiale de la Santé ou de la Fondation Bill Bates contre la tuberculose, le sida…
Manifestement, elle s’est sacrifiée à la carrière de son mari, renonçant à se produire, sauf rares exceptions comme en 2008, lors du séisme du Sichuan où elle fit une tournée-express : apparemment, ce fut pour couper court aux critiques contre son mari, qui seul du Comité Permanent, avait omis de s’y rendre.
L’unique étoile montante féminine reste donc Sun Chunlan, 62 ans, Secrétaire du Parti de la province du Fujian depuis 2009, dont l’excellent bilan vient de lui valoir sa place au Politburo. La promotion arrive peut-être un peu tard, mais techniquement elle peut encore espérer une place au Comité Permanent en 2017…
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