Entre Chine et Japon, depuis que Tokyo a décidé de racheter certaines des îles (privées) des Senkaku-Diaoyu, rien ne va plus. En novembre 2011, Tokyo admettait encore que le Tibet était une « affaire interne de la Chine ». Mais le 13/11, Shinzo Abe, ex-1er ministre, aujourd’hui à la tête de l’opposition libérale-démocrate, déclare qu’il fera « tout en son pouvoir » pour changer la situation au Tibet, « où les droits de l’homme sont bafoués ». C’est un contentieux supplémentaire qu’il ouvre avec le continent chinois, et il le fait devant le Dalai Lama et 140 députés de divers partis.
C’est donc une étape de plus dans la dégradation des relations sino-nipponnes, une danse du « perdant/perdant ».
Pourquoi ? Il y a d’abord, bien sûr :
❶ les législatives du 16/12, où le parti de Sh. Abe est en tête (il y a des voix chauvines à conquérir);
❷ Abe compte 126 millions de $ de pertes des firmes nippones en Chine, en sabotage d’actifs et en boycott. Le Japon déplore une attitude passive, voire permissive des autorités communistes.
❸ Et les 70 suicides par le feu au Tibet en 18 mois (neuf rien que la semaine passée) agitent les consciences.
Sh. Abe reflète l’opinion du pays : dans le bras de fer avec Pékin, pas question de transiger. Mais ce geste de défi a un prix fort. Gagnés de fièvre depuis le premier jour de tension, les deux rivages semblent oublier leur intérêt, et préférer l’exacerbation à l’apaisement.
Sommaire N° 38