Discrètement vanté par Hu Jintao devant le XVIII. Congrès, le bilan de « sa » décennie présente pourtant des succès phénoménaux. L’avancée qui résume toutes les autres est ce PIB sextuplé (7301 milliards de $ en 2011). Attirés par cette prospérité, de plus en plus d’Etats et leurs institutions, cherchent à communiquer avec la société chinoise par le biais des microblogs (Weibo) : plus de 10 pays entretiennent 165 microblogs en chinois, notamment les USA (23 sites) et le Royaume-Uni, dont le site culturel revendique 954.000 abonnés (la France en maintient deux).
La Chine exprime d’autre part sa puissance émergente en technologie : avec ses missions spatiales ou son radiotélescope à Shanghai, un des plus grands du monde (Ø=65m). Elle s’impose en constructeur militaire de classe mondiale, produisant chasseur (aéroporté J-15, furtif J-31), porte-avions, ou sous-marin nucléaire. Elle comble rapidement son retard face à l’Occident, et en tire du prestige – ombré il est vrai par les inquiétudes des voisins asiatiques, qu’alarment ses tentatives maladroites d’expansion en mer de Chine.
Sextuplés en 10 ans (à 3842MM$ en 2011), ses échanges commerciaux redessinent les alliances planétaires. Le tiers-monde y trouve la chance d’un nouveau départ. Les échanges sino-africains ont atteint 160milliards de $ en 2011. Les vieilles règles de l’aide au développement explosent – finies les préconditions « démocratiques » à l’aide aux PVD. D’ailleurs, ces 50 pays commencent à exiger de la Chine (en même parfois obtiennent), en échange de leur pétrole ou de leur minerai, davantage de valorisation sur leur sol, ou un accès plus large pour leurs produits sur le marché chinois. Du coup, le 01/11, Pékin coupait 95% de ses tarifs douaniers aux produits angolais…Autre corde à l’arc chinois en Afrique : l’agronomie. Ayant augmenté du quart sa récolte en grain en 10 ans (571 millions de tonnes en 2011), la Chine est à présent en mesure d’offrir aux partenaires un « package » de crédits, d’industries et d’agriculture – la perspective peut-être, d’éradiquer la faim !
L’Amérique latine trouve aussi avec la Chine un partenaire qui le libère d’un siècle de monopole américain : Pékin importe en masse le soja du Brésil qui cette année, dépasse les USA comme 1er fournisseur (26,5 millions t contre 23,1 millions t pour les USA, de janv. à septembre).
Avec les Etats-Unis et l’Europe, la Chine commerce bien sûr, mais rachète aussi des actifs : port du Pirée, port de Naples, vignobles français…Elle soutient l’Euro par l’achat de bons du trésor (nationaux et BCE).
Au Canada, la CNOOC (China National Off-shore Oil Corp) veut acquérir pour 15milliards de $ le pétrolier Nexen : si Ottawa accepte, ce sera une percée, pour un rachat d’un tel montant.
Suite à tous ces échanges, le yuan passe du rang de 35ème monnaie en 2010, à celui de 14ème en juin 2012.
La Chine accélère aussi partout les discussions de traités commerciaux. Justement, au sommet Sino-Asean ce mois-ci à Phnom Penh, Wen Jiabao s’apprête à relancer son projet d’une Asie libre-échangiste à 16 pays sans les USA, qui vise à tuer dans l’œuf le projet concurrent TPP (Trans Pacific Partnership) d’Obama, qui prétend à plus ou moins la même chose…sans la Chine – bras de fer sans complexe, symbole de la montée en puissance chinoise, qui eût été impensable 10 ans en arrière !
Sommaire N° 37