En des décennies, la Chine n’avait connu une telle fièvre sécuritaire. Chaque jour, des précautions sont prises pour assurer la tenue du XVIIIème Congrès (十八大), libre d’incidents, et déjouer ainsi les plans de tout protestataire.
Au pays noir (Shaanxi, Shanxi, Mongolie), des limiers courent faire fermer les mines (privées) dangereuses. 30 à 40% de la production locale disparaîtra durant un mois, au bonheur des grandes mines d’Etat. A Pékin, les taxis ont bloqué les fenêtres, pour éviter tracts ou jets de balles de pingpong taguées de slogans ! Les acheteurs de jouets volants télécommandés voient leur identité relevée. Dans les trains, les contrôles se multiplient. Sur la rue, les guinguettes à crêpes ont fermé. Les clubs de gym qui diffusaient des chaînes de TV étrangères, ont dû y renoncer. Dans les commerces, finie la vente de couteaux de cuisine. Et la plupart des séminaires et autres rendez-vous internationaux, tels le marathon de Pékin, ont été (plusieurs fois) reportés sine die. Sur internet, inévitablement, la censure fait rage, même si les 530 millions d’usagers en rient, incontrôlables.
Afin de quadriller la capitale, des dizaines de milliers de policiers provinciaux sont montés en renfort, secondés par 1,4 millions de « volontaires ». Et pour bien montrer qu’ici et maintenant, on ne plaisante pas, Cao Haibo, patron de café de 27 ans, ayant tenté de fonder un parti d’opposition et ayant critiqué le PCC sur la toile, en a pris pour huit ans fermes par un tribunal de Kunming.
Sommaire N° 36