Joint-venture : Obama à Sany : la réponse du berger à la bergère !

Septembre 2012 : le Président B. Obama pose son veto au rachat de 4 fermes éoliennes dans l’Oregon par la Rall’s Corp, car trop proches d’une base navale, d’où un risque pour la sécurité nationale. C’est de Pékin que fuse la riposte de Wu Jialiang (PDG). En effet, Rall’s est une filiale indirecte du groupe chinois Sany, n°1 chinois national de l’équipement en BTP.

Chez Rall’s, la surprise est amère, car une des centrales au moins a déjà été rachetée avec permis d’opérer. En 22 ans, c’est la première fois qu’un président américain prend une telle mesure, sans apporter de preuve du risque de d’espionnage – signe de méfiance particulière. Aussi M. Wu évoque-t-il les « milliers d’emplois américains perdus par cette décision arbitraire », et porte plainte en justice américaine, qu’il estime « gagnée d’avance ».

Par ailleurs, à travers cette grosse colère, le géant chinois du camion-grue exprime davantage un « marche-ou-crève », une obligation de s’exporter ou périr. Alors, aux USA et en Europe, il met « le paquet ». A Peachtree (Géorgie), sa tête de pont aux USA, il a lancé son campus de 60 millions $ dès 2007 et prépare son centre de R&D à 100 millions $, destiné au marché local. Mais le temps presse, car si au 1er semestre, le groupe atteint un profit mondial de 1,3 milliards de $, le marché chinois, qui représente plus de 90% de ses ventes, n’augmente plus que de 1,56%. Il est donc urgent de renouer avec la croissance, en éreintant hors frontière la concurrence par des prix imbattables !

Dès cette année, ses ventes américaines progressent de 50% grâce à une stratégie commerciale agressive, telle cette garantie double de celle de la concurrence mondiale, étendue à 2 ans et 4000 heures d’usage. D’ici 2017, Sany compte produire et vendre à l’étranger jusqu’à 40% de son activité.
Mais ce plan se trouve compromis ces derniers mois par d’autres mauvaises nouvelles, hormis le veto d’Obama. En septembre, Sany demande à renégocier ses emprunts, notamment celui de la reprise à prix ruineux (360 millions d’€) de Putzmeister, n°1 mondial (allemand) de la pompe à béton. Et le 12/10, Zhou Wanchun, le PDG de la filiale Equipement, démissionne, à cause des mauvais chiffres de vente.

Enfin au-delà de la crainte pour la sécurité militaire, Obama a eu peut-être d’autres motifs pour son veto à Rall’s dans l’Oregon : 

❶ La razzia chinoise sur le marché mondial des énergies renouvelables, par son offre en équipements à prix de dumping – des rétorsions des USA, comme d’Europe, sont en route. 

❷ Le duel Obama-Romney pour les présidentielles, et l’impératif pour le candidat Président d’apparaître pugnace dans la protection contre la Chine.

❸ Le dernier motif se réfère à l’histoire. En 2005, pour 375 millions de $ Carlyle (USA), rachetait 85% de Xugong, groupe municipal en difficulté, alors n°1 chinois du BTP. Sany (le n°2) avait fait campagne contre le deal, invoquant des motifs « patriotiques », et soucieux en réalité d’empêcher Xugong de s’internationaliser. Sous la pression de ses puissants alliés politiques, Pékin avait arbitré en faveur de Sany : après 3 ans d’attente vaine, Carlyle jetait l’éponge.

Aujourd’hui, l’administration américaine, avec mémoire d’éléphant, fait à Sany ce qu’il fit (avec l’administration chinoise) à Carlyle 4 ans auparavant. C’est la « réponse du berger à la bergère », et il est plaisant de voir un groupe chinois défendre aujourd’hui si âprement la liberté du commerce !

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