Petit Peuple : Hong Kong : Cecil contre Gigi, le choc des morales

A Hong Kong, Gigi Chao, 33 ans, a tout réussi : par son talent, son énergie de Mademoiselle 100.000 Volts, et il faut le dire, par sa cuillère d’argent en bouche à la naissance, étant la fille du magnat Cecil Chao. 

Diplômée d’une bonne université british (Manchester), elle avait fait ses 1ères armes, directrice chez Cheuk Nang (l’empire immobilier de Papa). Une fois créé son réseau de contacts, brûlant de voler de ses propres ailes, elle fondait son cabinet de Public Relations, et son agence de mannequins « Haut Monde Talent ». Puis à 26 ans, elle s’emmouracha de Sean Eav, en qui elle voit obstinément depuis, la femme de sa vie. 

Mais « faut vous dire Monsieur, que chez ces gens-là », on ne fait pas ça ! Et ses parents ne s’étaient pas privés de le lui dire. C’était en fait un combat perdu d’avance. 

À 16 ans, Gigi avait osé chuchoter sa préférence pour les filles : sa mère (l’actrice Yao Wei) n’avait eu cesse de tenter de lui faire passer l’idée, en lui cognant la tête au mur le plus proche. Les plaisirs homos n’étaient dépénalisés à Hong Kong que depuis 4 ans (1991) : il y avait là de quoi perdre la réputation des meilleures maisons ! Ainsi l’héritière s’envola pour vivre sa vie. Sept ans après, en 2012, elle franchit l’étape fatidique, en « épousant » cet été sa dulcinée en France, assortie d’une mystérieuse « bénédiction religieuse ».

C’était plus que Cecil n’en pouvait supporter. Quoique pas vraiment lui-même parangon de vertu, avec trois mômes issus de trois femmes sans nul contrat de mariage, et revendiquant à 76 ans « 10.000 conquêtes » (soit dit en passant, même score que celui revendiqué par G. Simenon), il fit savoir, fin septembre, que 6,3 millions d’€ attendaient l’homme (le vrai !) qui saurait faire chavirer le cœur de Gigi et la détourner de ses errements pour la remettre sur le droit chemin hétéro. Nul besoin de richesse, pourvu qu’il soit « gentil, généreux, et qu’il ait l’esprit d’entreprise » pour sa fille « jolie, talentueuse, volontaire et dévouée à ses parents ». Parmi cette dot, comptait une villa à 1,9 million d’€ au bas mot.

La réponse dépassa ses rêves les plus fous : au QG du Pater familias ou au secrétariat de Gigi, dans sa boite email ou celles de ses meilleures amies, CVs et offres de service s’amoncelèrent. 

Cent hommes se présentèrent en chair et en os, et des milliers de réponses par avion ou internet, des 5 continents. L’un proposait son frère, parfait puisque « clone de George Clooney ». Un Français s’affirmait capable de la contenter, puisque « doux comme une femme ». « Non point ! » rétorquait ce Yankee : qui mieux que lui, gay lui-même, pourrait s’entendre avec Gigi ? D’autres venaient d’Arabie Saoudite, du Canada, d’Italie – tous les coureurs de dot de la Terre… 

La réponse de la fille fut toute en subtilité. D’abord, elle ne fit qu’en rire, assez longtemps pour que ses rires arrivent jusqu’aux tabloïds de la vieille Albion. Puis elle exigea (en vain) que Daddy retire son offre. Mais elle trouva quand même le temps d’appeler papa, pas moins de 4 fois, pour lui souhaiter un bon 77ème anniversaire. Enfin, avec bon sens, elle remarqua – toujours fort publiquement – que Hong Kong, sous l’angle des mœurs, faisait toujours « vieille Chine », un peu coincée, acceptant tout comportement même le plus déviant tant qu’il restait dans l’ombre. Mais revendiquées, ces relations d’un autre genre, même fidèles et de long terme, sont toujours sujet à scandale.

Vis-à-vis du père, d’un tout grand sourire, elle comprenait : c’était sa façon à lui de l’aimer…« Faut vous dire Monsieur, que chez ces gens-là » on ne se dispute pas en public. Dans ce petit cercle très fermé des milliardaires, on a des règles. 

Gigi a donc tout fait pour éviter au père la perte de face – et le risque de se voir déshéritée ! Le vieux n’en voit pas moins dynamiter un des adages qui jusqu’alors, avait éclairé toute sa vie, exprimant que l’argent peut tout faire : « à même atteler le Diable à son moulin » ( 有钱能使鬼推磨 », Yǒu qián néng shǐ guǐ tuī mó). 

Mais qu’à cela ne tienne : ayant appris que Sacha Baron Cohen s’apprêtait à tirer un vaudeville cinématographique de ses démêlés avec sa fille, le financier trouva sur le champ son nouveau combat : faire pression sur le cinéaste et mettre à disposition sa villa, pour que le film à venir le montre tout à son avantage. On attend encore la réponse du comique britannique à la peu discrète suggestion ! 

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