Banque : Finance chinoise – à hue et à dia

Ces derniers jours, la banque chinoise se profile comme un lobby sur lequel le Parti peut compter, mais pas gratuitement. Elles furent nombreuses, conduites par les 4 sœurs (Banque de Chine, ICBC, Banque de la Construction, Banque de l’Agriculture) à boycotter les Sommets du Fonds monétaire international (Tokyo) et de la Banque Mondiale (Osaka), pour aider le Parti communiste chinois à dénoncer son annexion légale des îles Diaoyu-Senkaku. 

Certains observateurs y voient un « galop d’essai », test de leur pouvoir de véto sur la finance mondiale (que l’on devrait donc retrouver plus tard, notamment lors des tentatives européennes de protéger les monnaies contre les attaques des fonds de pension). Mais il y avait aussi sans doute une manière de payer le pouvoir politique, pour mieux lui imposer leurs exigences corporatistes. 
En même temps, les 4 sœurs font pression contre d’autres coupes de taux d’intérêt, et refusent d’appliquer la latitude de décote de 30% introduite en août, bloquant celle-ci à 10%. Pour se justifier, elles évaluent leur manque à gagner si elles l’appliquaient, à 4,5 milliards de $ cette année, et à 12.6 milliards de $ en 2013. Ce qui ne les empêchent pas, en même temps, de se mettre en chasse de banques européennes en difficulté, telles la RBS (UK) ou la Commerzbank (Allemagne). Wang Hongzhang, Président de la China Construction Bank, affirme disposer de 15 milliards $ pour de telles emplettes. Mais cet investissement va dans le sens opposé à celui préconisé depuis mars par Wen Jiabao, qui souhaite un fractionnement de ces grandes banques, et non la poursuite de leur course au gigantisme.
Pour autant, Wen (16/10) garde le moral : la Chine sort du tunnel, avec de bons chiffres pour septembre, avec +9.9% à l’export, +14.8% de masse monétaire, et une inflation réduite à 1.9%. 

Cependant, l’économiste Patrick Chovanec, constate que depuis mars, l’Office Statistique a discrètement revu à la baisse les chiffres de croissance par trimestre, et estime la hausse réelle du PIB non à 7,4%, mais à 5 voire 4%. Or, cette morosité semble bien plus conforme aux tendances décrites en privé : au moins trois multinationales admettent perdre de l’argent en 2012, pour la 1ere fois depuis leur entrée en Chine, ou bien font état de livraisons, ou de concours gelés par la partie chinoise, leur causant des difficultés. 
On peut aussi se demander si la semaine de fermeture des usines Toyota Tianjin (cf photo) ne serait pas davantage due à la conjoncture qu’à la crise politique sino-nipponne.

Un des signaux du ralentissement est la fuite du Yuan, 225 milliards $ officiels sur 12 mois (la partie visible de l’iceberg), contre 30 milliards $ d’entrées nettes. Face à ce reflux financier si atypique, et vers un monde où la croissance est plus faible, on peut apporter les clés de lectures suivantes : 
[1] L’une serait un yuan trop haut (soutien momentané à Obama ?) et la spéculation sur une baisse après les élections américaines.
[2] Les conglomérats publics auraient placé leurs « trésors de guerre » hors de portée de l’Etat.
[3] Surtout, des patrons anxieux face à leurs firmes désormais non rentables, auraient mis leur patrimoine à l’abri d’une instabilité sociale croissante, couplée à l’érosion du marché intérieur.
Quelle que soit la raison, l’économie chinoise va moins bien que ne l’admet l’Etat – condamné à l’optimisme par l’imminence de la passation du pouvoir lors du XVIII. Congrès.

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