A 62 ans, le discret
Li Yuanchao incarne le syncrétisme des différents « chapelles » du PCC : membre du clan des « petits princes », il a aussi su se faire apprécier des clercs orthodoxes du « groupe de Shanghai » (ville où il a passé sa jeunesse), et des anciens de la Ligue de la Jeunesse Communiste (LJC) – comme Hu Jintao. <p>Membre du Politburo depuis 2007, il est aussi le chef de la puissante et secrète Commission d’organisation du PCC. Un poste qui l’a amené, mi-mars dernier, à aller en personne à Chongqing annoncer à Bo Xilai son excommunication.Né en 1950 dans le Jiangsu, Li Yuanchao est le fils de l’ancien dirigeant Li Gancheng (1909-1993), vice-maire de Shanghai (1962), déchu à la Révolution culturelle. A 18 ans, Yuanchao est alors envoyé à la campagne (1968-1972).
Sa chance : pouvoir, dès 1972, reprendre des études à l’Université normale de Shanghai, d’où il ressort diplômé de mathématiques (1974), puis professeur. En 1978, il adhère au Parti et sa carrière décolle lorsqu’il entre à la LJC nationale. Pendant 7 ans (1983-1990), il y est l’un des secrétaires généraux, tout comme Hu Jintao (1982-1985), auquel il est, depuis, religieusement loyal.
En 1989, en pleine crise de Tiananmen, il ferme les yeux sur la publication, par le Quotidien de la Jeunesse de Chine, d’articles favorables aux jeunes protestataires, allant même jusqu’à réclamer, dans une pétition, la liberté de la presse.
Ce manque de poigne ralentit sa carrière, et il traverse les années ‘90 dans un relatif anonymat, jusqu’à ce que, absous, il soit nommé n°1 du Parti à Nankin (2000-2003), puis du Jiangsu (2003-2007). Cinq ans au cours desquels sa province sera, avec le Guangdong, la championne de la croissance économique. Un bilan noirci toutefois par le scandale de la pollution du lac Tai (2007), souillé par les rejets polluants des usines environnantes et l’utilisation massive d’engrais chimiques.
Mais Li aura marqué son mandat par une étonnante démocratisation des ressources humaines locales. Il autorise ainsi tout citoyen à se porter candidat à un poste au sein du gouvernement et du Parti, y compris celui de secrétaire du PCC. « Il peut parler à des officiels de toutes origines. Au lieu d’aller à la confrontation, il préfère la discussion », s’ébahit un professeur de l’Université de Nankin.
Chantre de la transparence, il prévoirait même, selon un câble révélé par Wikileaks, des élections publiques au Politburo « d’ici 20 à 30 ans », « parce que le public sera demandeur de plus grandes réformes démocratiques ».
Mais ce missionnaire de la démocratisation du Parti relativise : « il n’y a aucune alternative à la gouvernance du PCC », affirmait-il, en 2007, au Quotidien du Peuple.
Multifonctions, Li Yuanchao est apte à occuper tous les postes au sein de la nouvelle équipe. Il devrait cependant remplacer Xi Jinping comme vice-Président (mars 2013), et donc hériter, dès novembre 2012, des postes de chef du Secrétariat du Comité Central et de directeur de l’Ecole centrale du Parti. Ses récents prêches anti-corruption pourraient également l’orienter vers la direction de la Commission de discipline du Parti.
Sommaire N° 33