Les 8 jours fériés de la fête nationale (01-08/10) s’annoncent radieux pour le tourisme. Malgré des tarifs « haute saison » affûtés de 20-30%, les Chinois devraient faire exploser les records de chiffres d’affaires, notamment ceux des voyagistes en ligne comme Ctrip, Elong ou Qunar…
« Le tourisme entre dans un âge d’or en Chine », commente Liang Da, du Bureau national des Statistiques (NBS). En 2011, le pays avait enregistré 2,6 milliards de touristes (+13,5%), qui avaient dépensé 240milliards d’€. De leur côté, à 135 millions, les étrangers en Chine quintuplaient leur cohorte depuis 1981, et les Chinois hors frontières progressaient de 22% sur 1 an, à 70 millions.
Derrière l’explosion de l’industrie du voyage-détente, il y a une politique de long terme, avec normes, subventions, inspections. Le tourisme rural est promu depuis le tournant du siècle, calqué sur le modèle français avec concours du village fleuri, subventions aux équipements publics, primes aux gîtes ruraux…. C’est un puissant moyen d’arrimer les paysans à leur campagne, tout en offrant aux citadins (nostalgiques de leur passé rural) un bol d’air à bas prix.
Promu « industrie stratégique » en 2009, le tourisme assure 4% du PIB. En y ajoutant les transports et dépenses connexes, il soutient 9% du PIB, soit plus que l’industrie auto (8,5%). Selon l’étude publiée le 17/09 par le WTTC, il assurerait en Chine 62 millions de jobs, et 1 million de $ investis dans le secteur rendrait 1,4 million$ par an, et créerait 144 jobs. A tel rendement, il est le champion toutes catégories de l’emploi, « pesant » 90% des revenus de l’hébergement ou 80% des transports. Face à cette société qui se met à consommer (après des décennies d’épargne forcenée), le tourisme détient en Chine la meilleure perspective de croissance avec 9% par an d’ici 2022, bien plus que celle du PIB actuel (7,6%).
Mais bien sûr, il peut (bien) mieux faire. Parmi les niches encore sous-exploitées figure le troisième âge, déplore (10/09) Yu Ningning, président de CITS, le géant du voyage organisé: cette tranche d’âge aux besoins biologiques, nutritionnels clairement reconnus (un régime moins gras et salé, un rythme de voyage moins « speed », une infirmière à proximité) a été négligée. De la sorte, seuls 20% des touristes chinois sont sexagénaires, contre 50 à 60% ailleurs – un manque à gagner très sérieux, car on parle d’une couche sociale avec solide épargne, parmi les plus nanties, demandeuse de voir le monde dont elle a rêvé toute sa vie. Elle est aussi moins regardante,
Très conscients de l’immense et bénéfique enjeu du tourisme de demain, les députés de l’ANP planchaient d’ailleurs le 27/08 sur une future Loi du tourisme, qui normalisera bien des domaines, pour l’instant livrés à eux-mêmes : la protection des sites, les devoirs des pouvoirs locaux, la répression de pratiques inadmissibles mais encore courantes comme celle du tour « gratuit » ou à prix d’appel qui offre en guise de vacances, la visite exclusive de marchands de tabac, parfums ou bijoux, ou comme l’hébergement déclassé (en Chine comme à l’étranger) en guise des hôtels à étoiles promis sur contrat.
Ce nettoyage du marché, se fait dans son intérêt bien compris : car ces arnaques deviennent notoires par la voix des victimes, et freinent l’ardeur des clients potentiels. C’est une des causes du ratage, déjà annoncé, de l’objectif de 100 millions de touristes visiteurs à l’étranger pour 2015 !
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