Sur la mer agitée de son système financier, la Chine cherche son cap entre des objectifs inconciliables.
Sur l’immobilier par exemple, quoique les marchés poursuivent leur baisse en décembre dans les trois-quarts des 113 villes de référence, l’Etat maintient le garrot du crédit afin d’éviter un rebond de l’inflation (rabotée de 6,5% en juillet à 4,1% en décembre). Pour un objectif de PIB de 8 à 9% (contre 9,2% en 2011), la tutelle CBRC (China Banking Regulatory Commission) hausse le quota des prêts, au 1er trimestre, de 5% seulement. Elle sait que jusqu’à un tiers de prêts en plus viendra du « crédit gris » usuraire, que l’autorité ne sait pas endiguer (en 2011, jusqu’à 150MM² dans le seul Zhejiang).
L’autorité a encore averti les banques de maintenir en 2012 une gestion prudente des encours et des nouveaux prêts, afin de prévenir un crash du fait des mauvaises dettes des provinces, en particulier avec l’éventualité d’un dévissage de l’Euro.
Avec de tels objectifs, 80% des PME restent privées de crédit. Rien qu’à Wenzhou (Zhejiang), 20 000 fermaient en janvier, pour ne pas rouvrir après le Chunjie.
La consommation, elle, stagne sous des prix alimentaires qui s’envolent : 9,1% d’inflation en décembre, contre 8,8% en novembre. Tandis que régressent les importations et le surplus commercial (155MM$ à ce dernier, contre 183MM$ en 2010). En chute aussi, en décembre, les investissements directs à l’étranger (IDE), avec – 12,73% et un volume annuel de 116MM$. Ce recul suit celui des réserves en devises, à 3 180 milliards de $ ( – 0,6%).
Dans ces conditions, la Conférence nationale des 06-07/01 qui devait dégager les orientations financières du XII. Plan, fit un flop, coincée entre les clivages réformistes conservateurs, la valse des promotions quinquennales en cours et la peur du risque. Des réformes primordiales, celle de la libération du crédit et de l’autonomie de la Banque centrale, n’ont pas été abordées. Tout au plus, Guo Shuqing, nouveau boss de la CIRC (China Insurance Regulatory Commission), veut-il libéraliser la bourse, d’abord en renforçant l’information financière en ligne sur les firmes cotées, et en introduisant plus de règles commerciales et de normes internationales, tandis que son administration se bornerait à un simple rôle de supervision. L’entrée de banques d’investissements étrangères sur le marché du courtage, et de firmes étrangères en bourse de Shanghai, est remise à des temps meilleurs. Avec raison, l’autorité craint les faillites en série des courtages locaux, et une ruée des épargnants vers ces cibles d’investissement réputées plus fiables.
A plus long terme, Pékin prépare l’internationalisation du yuan. Le 16/01, Chine, Hong Kong et Royaume-Uni annoncent l’ouverture de Londres comme 1ère place européenne de traitement de la devise. Avec des poids lourds comme HSBC, Stanchart, BdC, Deutsche Bank et Barclay’s, un Forum privé s’apprête à assurer le traitement de paiements et l’ouverture d’un marché de valeurs (SICAV…) en yuan.
Enfin, mesure « obligatoire » pour maintenir la prospérité sur le « rocher » Hongkongais, la CSRC (China Securities Regulatory Commission) a aussi octroyé des licences QFII (Qualified Foreign Institutional Investors) à 29 institutions financières (dont 14 en décembre), qui en attendent un triplement des placements en yuan (dits « dim sum »), à 60MM¥ pour la Banque de la Communication, 100MM¥ pour la Stanchart. L’épargne insulaire a ainsi un abri pour échapper à la tempête sur l’Euro. Pour la Chine aussi, c’est tout bénef’: un petit pas mais sans risque, dans la longue marche du yuan vers son rôle de devise.
Sommaire N° 3