Culture : Des « fleurs » sans lauriers

Malgré son succès en salle, les Fleurs de la guerre ne concourt plus pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère d’Hollywood. Les 94 millions de $ dépensés au tournage (nouveau record chinois) n’ont pas suffi au dernier film de Zhang Yimou pour passer l’avant-dernière sélection avant les nominations. Le jury n’a pas vibré à l’intrigue sentimentale et historique autour du massacre de Nankin en 1937, interprété par une star d’Hollywood, Christian Bale (l’acteur de ‘Batman’). Tandis que Seediq Bale, film taïwanais à budget bien plus modeste, franchit l’obstacle -c’est un camouflet !

Pour Zhang Yimou, trois fois nominé, jamais vainqueur, la déception est grande mais pas forcément inattendue. Né à Xi’an, le futur maître du cinéma chinois avait subi 10 ans de Révolution culturelle, puis avait dû se battre en 1978 pour entrer à 27 ans à l’Académie de Cinéma, malgré la limite d’âge. Pleins de couleurs et de rage, ses premiers longs métrages (Le sorgho rouge en 1987, épouses et concubines en 1991…) lui donnaient en Occident l’auréole du dissident, et lui faisaient collectionner Ours de Berlin, Lions de Venise, Grands Prix du jury de Cannes… 

Distinctions vite suivies des foudres du ministère de la culture. Dans les années 2000, il fit des concessions dans ses scripts. Insensiblement, il devenait l’artiste officiel, nageant dans les gros budgets et les contrats publics comme les cérémonies des JO de 2008. Consécration, mais aussi autosatisfaction, au risque de tuer l’image d’artiste engagé, et que les jurys internationaux lâchent leur idole de naguère.

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